ICRSP

Demander la célébration de Saintes Messes Faire un don
pour nous soutenir

Gricigliano, 25 décembre 2015

NOËL, NOTRE ESPÉRANCE

 

Monsieur le Supérieur,

Messieurs les chanoines,

Ma Mère,

Messieurs les abbés,

Mes sœurs,

Chers fidèles,

 

La fête de Noël est la fête chrétienne par excellence. C’est l’humble naissance d’un Dieu fait homme pour le salut des hommes. Fête pleine d’enseignement pour nous, puisqu’elle rappelle que les choses les plus grandes ne se font pas nécessairement dans l’éclat de la gloire. Fête pleine d’encouragement et d’espérance, puisqu’elle montre l’Enfant-Dieu voué par sa naissance humaine à toutes sortes de contradictions et d’épreuves mais trouvant, dans ces contradictions mêmes le chemin de son triomphe définitif sur le mal.

 

Dieu fait homme paraît sur la terre. Entendez, mes bien chers frères, saint Jean nous l’annoncer avec solennité - « Le Verbe était Dieu, toutes choses ont été faites par Lui ; il était la lumière venant en ce monde pour éclairer tout homme… Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. » Où donc, au jour de Noël, trouvons-nous cette lumière éclairant le monde ? Je ne vois, à Bethléem, qu’une pauvre étable, une crèche, un enfant vagissant sur la paille, entouré d’un homme qu’on croit son père, d’une jeune vierge, sa mère, et de quelques bergers qui l’adorent comme le Sauveur d’Israël attendu depuis des siècles. Quelle humilité ; et cependant, cet enfant c’est le Roi du ciel devenu l’un de nous pour nous apporter la lumière de la foi avec l’espérance du pardon. Les anges du ciel ont annoncé sa venue aux bergers d’alentour et ils ont chanté le cantique que rediront les siècles : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur terre, paix aux hommes que la volonté divine marque de sa bienveillance. » Bientôt l’étoile miraculeuse conduira au berceau du Divin Enfant les Mages venus d’Orient qui le reconnaîtront comme leur Roi, leur Dieu, leur Sauveur… Puis, pendant trente ans, tout rentrera dans le silence. La lumière qui doit éclairer le monde se cachera dans l’ombre de l’atelier de Nazareth.

Mais pendant trois ans, la voix de l’envoyé divin se fera entendre ; sa puissance se manifestera par des miracles sur les maladies, sur les éléments de la nature, sur la mort elle-même. Les foules suivront Jésus, avides de l’entendre et de recevoir sa doctrine ; on l’acclamera, on voudra le faire roi ; il entrera en triomphateur à Jérusalem. Hosannah au Fils de David ! Mais dans l’ombre se sont concertés les contradicteurs, les envieux, les jaloux, les orgueilleux. Finalement ceux-ci l’emporteront et le Sauveur du Monde, le Christ béni de Dieu paraîtra en vaincu, se laissant aller à la tristesse d’une agonie inexprimable et à l’abandon incompréhensible du Calvaire. Est-ce donc là le triomphe promis à l’Enfant-Dieu de Bethléem ? Rassurez-vous, mes bien chers frères, le triomphe est tout proche. L’ange de Noël appelle l’ange de Pâques et voici qu’au matin du troisième jour de sa mort, le Christ toujours vivant, glorieux et immortel, fait éclater, aux yeux des premiers croyants, le triomphe de son évangile.

Cette résurrection du Christ est le Noël de l’Église catholique qui continue sur terre l’œuvre et la personne même du Verbe incarné. Comme Jésus, elle a eu ici-bas des débuts bien modestes. Douze pauvres pêcheurs de Galilée transformés en apôtres, et envoyés par le Maître à la conquête du monde. Les premières manifestations de cette Église sont marquées d’interventions prodigieuses de l’Esprit‑Saint sur la personne des apôtres et des premiers chrétiens. Mais bientôt les développements promis par le Christ à son Église seront entravés de mille difficultés : obstacles des persécutions, contradictions des hérésies et des schismes et quand l’heure de la victoire de l’évangile aura paru sonner dans le monde, envahissement par la corruption même du monde mal converti jusque sur les marches du sanctuaire. Que de pages sombres dans l’histoire de l’Église ! À maintes reprises on dirait que, pour son propre compte, l’Église a voulu connaître les affres de l’agonie ou la désolation du Calvaire. Mais alors que ses ennemis pensaient chanter victoire, cette Église, soutenue par l’Esprit-Saint, a su toujours se reprendre et demeurer fidèle à sa mission sainte. Tout comme Jésus qui n’a pris les infirmités humaines que pour mieux manifester en notre nature la force invincible de la divinité, ainsi l’Église catholique, par la force divine qui l’anime, a pu vaincre les obstacles des persécutions, écarter les contradictions de l’hérésie et vomir de son sein le poison de la corruption mondaine.

Ah ! sans doute, la prophétie du Christ sera toujours vraie : dans le champ qui symbolise l’Église l’ivraie restera, jusqu’à la fin du monde, mêlée au bon grain ; dans le filet, les poissons bons et mauvais se rencontreront. Ne demandons pas à l’Église ce qu’elle ne peut nous donner : sur terre, elle représente le Christ dans sa vie terrestre et les souffrances humaines ne lui sont, pas plus qu’au Christ, étrangères. L’analogie n’est que lointaine sans doute, puisque le Christ fut sans péché et qu’il y a, dans l’Église, des pécheurs. Mais la ressemblance est en ceci que, malgré les faiblesses et les fautes de quelques-uns, — et même de beaucoup si vous le voulez — de ses membres, l’Église dans son enseignement, dans sa morale, dans les exemples héroïques de ses saints, manifeste en elle la présence invisible, mais toujours victorieuse, de Celui qui a dit à ses apôtres : « Je suis avec vous jusqu’à la consommation des siècles. »

Voilà une parole réconfortante en ces temps si troublés où le monde montre clairement qu’il est sous l’emprise totale de son maître Satan ! où l’Église souffre d’un mal terrifiant tel un cancer qui la rongerait de l’intérieur : une auto-destruction disait le Pape Paul VI. Oui, Satan est à l’œuvre, il l’est bien plus encore depuis la naissance de Jésus car le Messie tant attendu est celui qui doit tout restaurer et réparer les ravages du péché originel commis par nos premiers parents sous l’instigation du démon.

Oui, Satan veut poursuivre de sa haine et de ses intentions criminelles l’enfant Jésus de la crèche. Et après sa fausse victoire au calvaire, il persécute toujours Jésus-Christ Notre-Seigneur dans son Corps Mystique, la continuation de l’incarnation de Bethléem, l’Église.

 

Alors, mes chers amis, vous qui êtes ministres du Christ ou êtes appelés à le devenir dans le sacerdoce, renouvelez aujourd’hui votre fidélité indéfectible à notre doux Jésus de l’étable et à son Église divine tout comme lui.

Vous aimez Jésus, alors vous aimez l’Église ;

vous servez Jésus, alors vous servez l’Église ;

vous mourrez pour Jésus, alors vous mourrez pour son Église.

 

Voilà à quel mystère vous êtes appelés. L’Église c’est Jésus, et Jésus c’est l’Église.

Temps difficile ou pas, persécution ou pas, notre amour pour Jésus et son Église ne variera pas.

 

Demandons à la Vierge Sainte qu’elle nous aide à rester toujours fidèles ;

demandons à la Vierge Sainte qu’elle nous stimule à nous sanctifier davantage ;

demandons à la Vierge Sainte de méditer et d’aimer davantage ses grands mystères de l’incarnation de de l’Église.

 

Alors oui, frères très chers, « venite adoremus » !

 

Ainsi soit-il.