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Sermon de Mgr le Prieur Général pour le Jour de Pâques

 

 

 

Monsieur le Supérieur,

Messieurs les abbés,

Ma Révérende Mère,

Chers séminaristes,

Très chères sœurs,

Mes bien chers frères,

«  Il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous »  (Rom. 8, 34)

Ainsi s’exprime saint Paul dans l’Épître aux Romains.

Oui, le Christ est vraiment ressuscité !

Oui, le Christ Jésus, le corps de la personne de Jésus est vraiment ressuscité !

Oui, notre divin Jésus intercède pour nous au ciel grâce à sa bienheureuse Passion, à sa Croix et à sa Résurrection.

 

Si le Christ est le Verbe fait chair, il est impossible qu’il ne soit pas ressuscité, qu’il n’ait pas entraîné dans sa gloire cette nature humaine qu’il a faite sienne pour vivre en elle une vie inouïe de pauvreté, de bénignité, d’angoisse, de supplication.

« Je t’ai glorifié sur la terre, j’ai achevé l’œuvre que tu m’avais donné à faire ; maintenant, Père, glorifie-moi de la gloire que j’avais près de toi, avant que le monde fût » (Jean 17, 4-5). 

Dès le début de la prédication chrétienne, en effet, la résurrection de Jésus est donnée au monde par les apôtres comme la conséquence, la manifestation, la preuve de sa mission divine et de sa propre divinité.

« Vous l’avez fait mourir en le clouant à la croix par la main des impies » dit Pierre à la foule au jour de la Pentecôte, « mais Dieu l’a ressuscité, le délivrant des affres de l’Hadès ».

Il n’était pas possible, en effet, qu’il fut retenu en son pouvoir, car David (Ps. 15, 10) dit de lui : « Tu n’abandonneras pas mon âme à l’Hadès et ne laisseras pas ton saint voir la corruption »…

« Dieu l’a ressuscité, ce Jésus, nous en sommes tous témoins » (Actes 2, 32).

Ainsi encore saint Paul, parlant aux juifs de Pisidie : « La promesse faite à nos Pères, Dieu l’a accomplie en notre faveur, à nous leurs enfants : il a ressuscité Jésus » (Actes 13, 29-37).

Et il écrit aux Romains (1, 1-4) que Jésus-Christ Notre Seigneur a été manifesté « Fils de Dieu avec puissance selon l’Esprit de sainteté, par sa résurrection des morts ».

La mystérieuse prédiction du psaume 15, Jésus - à trois reprises dans saint Marc (8, 31 ; 9, 31 ; 10, 34) - avait pris soin d’en préciser le sens pour ses disciples en leur annonçant sa passion, sa mort et au troisième jour sa résurrection, mais, écrira saint Luc (18, 34) : « Cette parole leur demeurait cachée et ils ne comprenaient pas ce qu’il leur disait.» 

Oui, mes bien chers amis, la Résurrection du Christ est la suite logique de l’Incarnation. C’est le mystère de la Rédemption en acte.

Ah ! Puis-je me faire ce matin l’écho de votre foi, de notre foi dans ces divines vérités enseignées depuis plus de 2.000 ans par la sainte Église et contestée aujourd’hui par des pseudo-théologiens vieillissants ou hommes d’Église. Ils ont perdu la Foi dans la grandeur de Dieu, dans le mystère de l’Incarnation, dans la puissance de Dieu.

Oui, avec l’Église d’aujourd’hui comme celle d’hier - si j’ose ainsi m’exprimer-, nous professons que c’est le corps né de la Vierge Marie, qui a été stigmatisé, crucifié, mis au tombeau et qui sort aujourd’hui du tombeau avec les stigmates.

Oui, le corps du Christ marqué des cinq plaies est sorti du tombeau !

Et remarquez bien que je dis, comme la Tradition de l’Église, le corps du Christ et non pas le cadavre du Christ comme je l’ai encore lu récemment dans une revue prétendue catholique qui entend éduquer les futurs prêtres. C’est un blasphème ! Derrière cette terminologie se cache le refus de la résurrection du Christ.

Non, ce n’est pas le cadavre du Christ mais le corps mort de notre bien-aimé Sauveur.

Quand ils sont venus pour rompre les jambes afin que les corps ne restent pas sur la croix pendant la fête, Jésus était déjà mort, d’une mort libre et volontaire.

Il avait déchiré lui-même la toile, avait arraché son âme à son corps pour la donner à son Père : « Ô Père, je remets mon âme entre tes mains ».

La mort dans le cas de Jésus va bien disjoindre entre eux l’âme et le corps de Jésus, mais ne va pas les disjoindre (ni son âme, ni son corps) de leur appartenance au Verbe.

Le Verbe possédait l’humanité de Jésus, c’est-à-dire l’âme s’emparant du corps et l’animant, lui donnant la vie humaine, mais au moment de la mort, l’âme et le corps se disjoignent l’un de l’autre, mais restent attachés au Verbe.

En sorte que le Corps du Christ mort est le corps du Verbe éternel, pas détaché.

Et l’âme du Christ, du Verbe éternel, reste attachée à lui.

Son âme et son corps sont disjoints pour un temps. Le corps s’en va dans le tombeau, et l’âme va descendre aux enfers. Ce sera le grand dogme de la descente aux enfers.

Notre Seigneur descend aux enfers (aux limbes, du mot latin limbus, qui veut dire au bord).

Il les a béatifiés.  Là « il y avait la foi et l’amour mais dans l’attente, pas dans la vision ».

Le Christ les libère.

A ces Diafoirius de la théologie moderne, citons saint Paul : « Qu’est-ce que j’apprends de vous, dit-il aux Corinthiens, que l’on prêche qu’il n’y a pas de résurrection des morts ?

« S’il n’y a pas de résurrection des morts, alors Jésus non plus n’est pas ressuscité. Et si le Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vaine et vaine aussi notre Foi. »

Toute espérance s’écroule si le Christ n’est pas ressuscité. Mais, dit l’Apôtre des Gentils, le Christ est ressuscité des morts « prémices de ceux qui se sont endormis ».

Oui, nous chrétiens, nous nous endormons dans le Seigneur, et nous avons une sépulture chrétienne dans des cimetières, qui signifie dortoir en grec ! Rien à voir avec ce monde qui rejette la souffrance, cache la mort et détruit la vie !

Oh, mes chers amis, aujourd’hui regardez ce tombeau vide !

Le Christ a vaincu la mort, le péché : voilà la libération, le salut, voilà le triomphe de l’Amour sur ceux qui veulent garder ce tombeau scellé à jamais !

Leurs tombeaux renferment la mort et les immondices du monde !

Non, aujourd’hui, tout est lumineux, transformé, transfiguré !

Mais rappelez-vous que cette sublime gloire et victoire de la Résurrection que nous fêtons aujourd’hui ne peut exister sans la Croix !

Nous avons vécu tous ces jours saints, ce Carême à l’ombre de la Croix du divin Sauveur. Aujourd’hui, notre monde vit de nouvelles et fausses spiritualités qui masquent la réalité de la Croix par une fausse exaltation de la Résurrection. Il suffit de penser à toutes ces sectes qui pullulent et qui ne sont que des tromperies du diable.

Ne se cache-t-il pas derrière ces théories une exaltation de l’homme, de son état de fils d’Adam et qui refuse de passer par la Croix pour jouir déjà de la gloire ?

Fausse gloire !  Illusion de gloire et de salut !

La lumière du Christ vient de sa Croix, tous les mystères de l’Incarnation et de la Rédemption culminent au Calvaire !

Le Verbe fait chair assume notre nature, descend au fond de la souffrance humaine non pour l’éliminer mais pour l’illuminer et la rendre ainsi rédemptrice.

Souffrance et gloire sont toujours associées.

Saint Paul l’avait bien compris. Il enseignait : « Le Christ s’est fait pour nous obéissant jusqu’à la mort, et jusqu’à la mort de la Croix. C’est pourquoi, Dieu l’a exalté ; il lui a donné un nom qui est au-dessus de tous les noms, pour qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au Ciel, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue proclame que le Seigneur Jésus est dans la gloire de Dieu le Père ! ».

C’est tout autre chose, avouez-le, que ce pauvre homme chrétien moderne qui s’éloigne de ces vérités révélées et enseignées pour suivre des chimères et cherche en lui, par lui le salut et la Paix à l’imitation d’un homme nommé Jésus qui aurait existé, il y a 2.000 ans, qui serait mort et que les premières communautés composées de ses disciples aurait fait revivre dans leur vie !

Quelle triste religion que celle-ci ! Les pauvres hommes de cette religion sont abandonnés à leur triste sort. Quoiqu’orgueilleux, fiers, altiers, ils sont déjà morts, et bientôt retourneront à la poussière avec leurs livres.

Ils leur manquent la sève d’amour qui circule dans les artères de l’Église venant de la Croix, passant dans nos âmes et retournant à sa source : la Très Sainte Trinité.

En ce monde, nous sommes encore dans « la vallée de larmes », dans le temps de l’épreuve ; nos avons à parcourir notre chemin de croix. Jésus appelle : « Si quelqu’un veut venir avec moi, qu’il se renonce, qu’il porte sa croix tous les jours, et qu’il me suive ! »

Il nous faut marcher sur ses traces, et passer par où il est passé ; mais c’est pour triompher avec lui.

La Rédemption est accomplie :

le péché est amplement réparé ;

la souffrance est retournée en moyen de réparation et de mérité ;

la mort est vaincue : elle est devenue une porte ouvrant sur la vie sans fin !…

Nous sommes encore dans le tunnel obscur ; mais comme tout tunnel débouche dans la lumière, grâce au Christ mort et ressuscité, toutes nos tristesses se changeront en joie !

L’œuvre de vie continue après 2.000 ans. Voilà pourquoi le souvenir de la mort et de la victoire de Jésus ne cesse d’ébranler nos âmes.

Dites-leur, mes amis, le plus grand tombeau du monde n’est pas celui des Pharaons sous les majestueuses pyramides, ni celui de Napoléon sous le dôme des Invalides, ni celui de Lénine sur la Place rouge de Moscou : ils n’abritent tous que des morts impuissants, et redevenus poussière !…

Le plus grand tombeau du monde, c’est celui de Jésus-Christ !

Pourquoi ? - Parce qu’il a laissé échapper son mort, redevenu vivant et source de vie pour tous ceux qui croient en lui.

Seul, il a pu annoncer : « Je suis, moi, la Résurrection et la Vie ; celui qui croit en moi, fut-il déjà mort, vivra ; celui qui vit et croit en moi ne mourra pas pour toujours ! »

Aujourd’hui, c’est la victoire

de la Vérité sur l’erreur,

de la lumière sur les ténèbres,

de la vie sur la mort,

de la charité sur le péché.

Demandons à la Vierge des Douleurs de « graver profondément dans nos cœurs les plaies du divin Crucifié » ; afin que nous sachions pleurer de repentir et d’amour au pied de la Croix.

Demandons-lui également de savoir vibrer aux joies de la Résurrection, elle qui fut la première à Le voir ressuscité, afin que nous sachions manifester au monde, en ce saint jour de Pâques, la victoire du Christ et de sa Croix.

Ainsi soit-il !