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Sermon de M. le chanoine Philippe Mora,
Supérieur du Séminaire, pour la fête de saint Joseph

Gricigliano, lundi 19 mars 2012

 

MM. les chanoines,

M. l’abbé,

Chers séminaristes,

Très Chères Sœurs,

M. B. C. F.,

 

Nous récitons les litanies de saint Joseph et la Prière de saint François de Sales à Saint Joseph afin d’implorer son intercession pour que Gricigliano puisse accueillir toujours davantage de vocations, et de chanoines lors des chapitres, et pour que nous puissions le faire dans les meilleures conditions. Les projets ne manquent pas et cela est très bien ; la divine Providence pourvoira en temps et heure voulus !

Saint-Joseph nous est donc, si je puis dire, familier, puisque nous n’hésitons pas à recourir à lui, et même avec insistance comme le ferait un petit enfant tirant sur la manche de son père pour obtenir ce qu’il désire…

Nous devons considérer aussi, que nos modestes demandes s’inscrivent dans le cadre plus grand du Patronage de la sainte Eglise. Le grand Saint-Joseph est le protecteur tout particulier de la Sainte Eglise. Relisons le Décret promulgué par le B. Pape Pie IX, déclarant Saint Joseph patron de l’Eglise :

« De même que Dieu avait constitué Joseph, fils du patriarche Jacob, intendant de la terre d’Egypte, afin qu’il mît du blé en réserve pour le peuple, ainsi, au moment de la plénitude des temps où il devait envoyer sur la terre son Fils unique, Sauveur du monde, il choisit un autre Joseph dont le premier avait été la figure ; il le fit maître et prince de sa maison et de son héritage, et lui donna la garde de ses principaux trésors. En effet, celui-ci eut pour épouse l’Immaculée Vierge Marie, de laquelle, par l’opération du Saint-Esprit, est né Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui devant les hommes, consentit à passer pour le fils de Joseph et lui fut soumis. — Celui donc que tant de rois et de prophètes ont désiré voir, ce Joseph non seulement l’a vu, mais il a conversé avec lui, il l’a entouré de son affection paternelle et il l’a embrassé. Il a nourri avec le plus grand soin Celui que le peuple fidèle devait recevoir comme un pain céleste, afin d’obtenir la vie éternelle. — A cause de cette dignité sublime que Dieu a voulu conférer à un si fidèle serviteur, l’Eglise a toujours payé à saint Joseph un tribut d’honneurs et de louanges, inférieur seulement à celui qu’elle rend à son épouse, la Vierge Mère de Dieu, et imploré sa protection dans l’anxiété. »

 « Or, poursuit le Décret, comme en ces tristes temps, l’Eglise elle-même est, de toutes parts poursuivie par ses ennemis, et tellement accablée par les plus violentes calamités, que les hommes impies comptent voir enfin les portes de l’enfer prévaloir contre elle, les vénérables évêques de tout le monde catholique et les fidèles de Jésus-Christ qui sont confiés à leurs soins, ont adressé au Souverain Pontife des supplications par lesquelles ils demandaient que Sa Sainteté voulût bien décerner à saint Joseph le titre de Patron de l’Eglise catholique. — Ces supplications et ces vœux ayant été renouvelés, avec de plus vives instances, dans le sacré Concile œcuménique du Vatican, Sa Sainteté le Pape Pie IX, touché par le nouvel et lamentable état des choses, dans le but de se placer, Lui et tous les fidèles, sous la puissante protection du saint patriarche Joseph, a résolu de donner satisfaction aux vœux des vénérables évêques, et l’a déclaré solennellement Patron de l’Eglise catholique.

Essayons de comprendre comment saint Joseph agit pour le bien de la sainte Eglise dont il est le Protecteur.

Il agit d’abord sur les âmes ; il exerce sa salutaire influence dans la vie intérieure, et ainsi il les ramène à Notre Seigneur Jésus-Christ.

Un grand mystique, M. Olier, expose admirablement le rôle de saint Joseph et comment il assure la protection de la sainte Eglise, non par des actions éclatantes mais par la force de la sainteté.

Saint Joseph protège la Sainte Eglise d’abord en agissant sur les âmes « Saint Joseph, nous dit-il, ayant été choisi par Dieu pour être son image envers son Fils unique, n’à point été établi pour aucune fonction publique dans l’Église de Dieu, mais seulement pour exprimer sa pureté et sa sainteté incomparables qui le séparent de toute créature visible; de là vient qu’il est le Patron des âmes cachées et inconnues. Autre est la fonction de Saint Pierre sur l’Église ; autres sont les opérations de Saint Joseph. »

Saint Joseph est donc un saint caché, sans fonction extérieure, mais il est destiné à communiquer intérieurement la vie qu’il reçoit du Père et qui arrive ensuite jusqu’à nous par Notre-Seigneur Jésus-Christ : « L’influence de Saint Joseph est une participation à la vie de Dieu le Père en son Fils. C’est une participation à la source qui se répand de Dieu le Père dans son Fils ;  et Dieu le Père qui veut nous faire sentir qu’il nous aime du même amour dont il aime son Fils unique, nous donne à puiser, à goûter, à savourer dans Saint Joseph la grâce et l’amour dont il aime ce même Fils... Ainsi, Saint Joseph est le Patron des âmes suréminentes élevées à la pureté et à la sainteté de Dieu, tant de celles qui sont intimement unies à Jésus-Christ, et auxquelles il communique sa tendresse pour cet aimable Sauveur que de celles qui sont appliquées à Dieu le Père dont Saint Joseph est la figure.

C’est un Saint caché, que Dieu a voulu tenir secret pendant sa vie, et dont il s’est réservé à lui seul les occupations intérieures sans les partager aux soins extérieurs de l’Église ; un Saint que Dieu a manifesté au fond des cœurs et dont il a lui-même inspiré la vénération dans l’intérieur des âmes.

Ainsi donc, à nous d’élever nos prières afin que son action bienfaisante se répande sur tous les membres blessés de la sainte Eglise, et sur nous tous en particulier, même si par un dessein mystérieux de la divine Providence, nous nous trouvons parmi ceux qui veulent aimer et servir la sainte Eglise et donc notre divin Sauveur, en toute vérité et amour, à l’exemple de nos pères dans la foi.

Nous avons tous besoin de la protection de Saint Joseph pour persévérer dans cette bonne voie, simplement et sûrement dans l’humilité et la force de la vérité reçue et transmise fidèlement, avec la grâce de Dieu.

A Nazareth, Dieu habitait personnellement. Marie était là et Jésus s’y disposait à apprendre au monde que le Ciel était descendu sur la terre : « O mon Dieu, disait le Cardinal Mercier, qui dira les adorations discrètes, les hymnes silencieuses d’actions de grâces, les accents brûlants qu’ensemble, époux et épouse, vous faisiez monter de vos cœurs, tandis que vous veilliez sur les jours de l’Enfant-Dieu. Regardiez-vous le Père penché sur son Fils ? Ou, dans une vision de sacrifice, regardiez-vous l’Enfant déjà à l’autel, au Cénacle, au Calvaire, dans les temples de la chrétienté ?... 

Ensemble vous deviez pleurer, pensant à ce qu’il en coûterait à votre cher Jésus de devenir le Rédempteur du monde.

Ensemble vous deviez exulter à l’idée de la gloire qui couronnerait  éternellement son sacrifice...” 

La contemplation de la vie intérieure de Saint Joseph devrait contribuer à ranimer, dans les âmes sacerdotales, la racine de la sainteté. »

N’oublions pas que la vie chrétienne est un combat, que la vie de la Sainte Eglise est un combat. Saint Joseph est le Patron de l’Église parce que l’œuvre que l’Église accomplit est exactement la suite de celle qu’il a faite lui-même : elle peine pour donner au Christ les accroissements de son Corps mystique en lui gagnant et unissant des âmes et en combattants ses ennemis de l’extérieur et de l’intérieur, afin que ces âmes  aient part à sa vie divine. La Sainte Eglise  vit la Passion perpétuelle que, d’âge en âge, ses fidèles prolongent de leurs souffrances. Son œuvre se range donc en quelque sorte d’elle-même sous le patronage de Saint Joseph et la met à son école... Toute lutte ainsi menée est la lutte quotidienne du pauvre charpentier de village qui nourrit à la sueur de son front le Sauveur.

De nos jours, les temps ne sont pas moins difficiles que ceux décrits par le B. Pape Pie IX, nous pouvons même avancer qu’ils le sont davantage puisque l’Adversaire a réussi, par un mystérieux dessein de la Providence divine, à attaquer de l’intérieur même la Sainte Eglise notre Mère ; la paralysant, la gangrénant, la défigurant.

Faisant cette triste constatation, nous avons cependant à l’esprit que la sainte Eglise demeure sine ruga, et sine macula, car elle est Notre-Seigneur Jésus-Christ répandu et communiqué…. Cependant les hommes qui la composent sont pêcheurs et parfois même, ce qui est infiniment plus grave et dommageable, sont de véritables traîtres qui s’efforcent par tous les moyens de détruire l’Église… et le résultat est là devant nos yeux, encore que nous n’en ayons qu’une perception très partielle…. Le désastre pour la foi est universel…. La foi s’est perdue en beaucoup d’endroit à cause de prétendues réformes, d’un prétendu renouveau, d’un prétendu « retour aux sources », et, -illusion véritablement diabolique-, une apostasie orgueilleuse se cachant sous les dehors pernicieux d’une prétendue « plus grande fidélité à l’Evangile » ! Quel Evangile ! Celui de l’homme qui se fait Dieu, qui prend la place de Dieu, faisant de Dieu une simple nécessité pour l’homme d’aujourd’hui, pour l’homme adulte, vous connaissez tous ces slogans, cette « langue de bois » qui a envahi ce qui reste des milieux ecclésiastiques….

La Protection de saint Joseph doit être implorée en nos jours calamiteux, d’abord pour défendre la sainte Eglise à l’intérieur, pour la guérir de ce cancer qui la ronge comme je vous le disais il y a un instant…

Notre Saint-Père le Pape glorieusement régnant, Benoît XVI, manifeste sa volonté de redonner à la sainte Eglise sa splendeur passée… splendeur de sa doctrine partout reçue et enseignée par ses fils, par son unité dans la discipline… Hélas, depuis une cinquantaine d’années nous assistons à la destruction de cette unité, de cette discipline, de cette doctrine, de ces pratiques qui étaient le ciment de la civilisation chrétienne. Mystère des desseins de la divine Providence ! Elle retirera un bien éclatant pour la sainte Eglise de cet état lamentable où se trouve aujourd’hui  tout le tissu ecclésial dans nos pays de vielle chrétienté !

Invoquons Saint Joseph, nous souvenant des paroles du Pape Léon XIII énumèrant les motifs du patronage de Saint Joseph sur l’Eglise Universelle et dans l’Eglise Universelle :

 « Les raisons et les motifs spéciaux pour lesquels saint Joseph est nommément le patron de l'Église et qui font que l'Église espère beaucoup, en retour, de sa protection et de son patronage sont que Joseph fut l'époux de Marie et qu'il fut réputé le père de Jésus-Christ. [...]

Joseph était le gardien, l'administrateur et le défenseur légitime et naturel de la maison divine dont il était le chef. [...]

Il est donc naturel et très digne du bienheureux Joseph que, de même qu'il subvenait autrefois à tous les besoins de la famille de Nazareth et l'entourait saintement de sa protection, il couvre maintenant de son céleste patronage et défende l'Église de Jésus-Christ. »

Saint Joseph est également le Patron des membres qui composent l’Église hiérarchique. Il est ainsi le protecteur et le Patron de l’Église et de tous ses membres ; et nous devons l’invoquer à temps et à contre temps pour cela ; pour qu’il redonne vie et santé, à tous les membres  de l’Eglise par le rejet définitif et solennel de la peste qui empoisonne toutes les œuvres, -si nous pouvons employer ce terme bien suranné pour certains de nos jours- ; le rejet de cette peste qui rend ces œuvres, ces activités dîtes pastorales, stériles, et même néfastes pour la foi, et cela malgré parfois un certain élan de générosité, malheureusement détourné du véritable bien et perverti par les idéologies ecclésiastiques ambiantes ! Que Saint Joseph nous apporte le contre poison, qu’il détruise les mirages, les illusions diaboliques, qu’il redonne à tous les membres de l’Eglise, petits et grands, la lumière de la Foi, simple et éclatante de vérité, éblouissante de beauté,  ferme rempart contre les attaques des ennemis du Nom divin. Que saint Joseph redonne tout cela à la sainte Eglise pour la plus grande Gloire de Dieu et le salut des âmes !

Redisons avec ferveur cette prière que nous avons l’habitude de réciter si souvent puisqu’elle fait suite à la récitation du chapelet, et pesons bien chaque mot de cette Prière à Saint Joseph :

Nous recourons à vous dans notre tribulation, ô bienheureux Joseph : et, après avoir imploré le secours de votre sainte Épouse, nous sollicitons aussi avec confiance votre patronage. Par l’affection qui vous a uni à la Vierge Immaculée, Mère de Dieu ; par l’amour paternel, dont vous avez entouré l’Enfant-Jésus, nous vous supplions de regarder avec bonté l’héritage, que Jésus-Christ a conquis au prix de son sang, et de nous assister de votre puissance et de votre secours, dans nos besoins.

Protégez, ô très sage gardien de la divine Famille, la race élue de Jésus-Christ. Préservez-nous, ô Père très aimant, de toute souillure d’erreur et de corruption, soyez-nous favorable, ô notre très puissant libérateur. Du haut du ciel, assistez-nous dans le combat que nous livrons à la puissance des ténèbres ; et de même que vous avez arraché autrefois l’Enfant-Jésus au péril de la mort, défendez aujourd’hui la Sainte Église de Dieu des embûches de l’ennemi et de toute adversité. Couvrez chacun de nous de votre perpétuelle protection, afin que, à votre exemple, et soutenu par votre secours, nous puissions vivre saintement, pieusement mourir, et obtenir la béatitude éternelle. Ainsi soit-il.