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Sermon de S. E. Mgr Laise pour la fête de l'Ascension

Gricigliano, le 2 juin 2011

 
Aujourd’hui, nous célébrons ce très court article de notre foi, que chaque dimanche fait proclamer: “Jésus est monté au ciel”.


Cette phrase condense et résume la foi et l’espérance des petits et des simples, desquels Jésus disait, que ces vérités sont cachées aux sages et aux savants.


Le récit de saint Luc, dans les Actes des Apôtres, nous décrit ce mystère à travers l’image d’un mouvement ascensionnel à la manière des fusées. Mais la plupart des autres récits du Nouveau Testament affirment, plus simplement, que Jésus va vers le Père.


Le texte de Matthieu, différemment au texte de Luc, ne nous parle pas d’ascension, mais de présence nouvelle. Il nous invite à ne pas célébrer cette fête comme le départ d’un être cher qu’on accompagne à l’aéroport avant le décollage de la terre.


Un grand théologien, comme saint Albert le Grand, le maitre de Saint Thomas d’Aquin, prenant le mot ciel en son sens le plus profond, parle d’un retour de l’Homme-Dieu au “ciel de la Trinité”.


Il ne s’agit donc pas d’abord d’un déplacement spatial dans la direction des étoiles…”Il faut penser que le ciel de la Trinité n’est rien de créé, rien de corporel, mais la Trinité même”. Bien sûr que l’Ascension célèbre en premier place le retour de Jésus au Père. “Je suis sorti du Père et venu dans le monde. Maintenant, Je quitte le monde et Je vais au Père”. Je vais à celui qui m’a envoyé…Je vais au Père…


Et il retourne avec son corps glorifié, avec son humanité marquée avec ses cinq plaies rouges, prix de la rédemption de l’homme de tous les siècles jusqu’à la fin du monde.

L’Ascension célèbre la glorification de Jésus. Le Père reçoit son Fils en reconnaissant l’accomplissement, l’exécution de la mission que lui même lui avais recommandé de faire : ... la révélation du mystère de Dieu ; sauver l’homme de l’esclavage du démon, par la souffrance et sa mort dans la croix ; communiquer à l’homme la vie divine par sa résurrection.


L’Ascension nous rappelle aussi ce que Jésus avait dit dans le discours après la Cène. Jésus avait dit : “Pourtant Je vous dis la vérité : C’est votre intérêt que Je parte. Car si Je ne pars, l’Esprit Saint, le Défenseur, ne viendra pas à vous ; mais si Je m’en vais, Je vous l’enverrai”.


Jésus, pendant son temps de présence sur la terre a été une “présence” visible de Dieu. Mais cette présence, si utile pour nous qui sommes des êtres corporels et sensibles, était en même temps un écran, une limite: à cause de son humanité, à cause de son corps, Jésus était “limité” à un temps, et a un lieu.  Jésus ne pouvait pas faire tout ce qu’il désirerait faire. Et il en avait conscience: “il vous est bon que je m’en aille, car, si je ne pars pas, l’Esprit Saint ne pourra pas venir”.


En envoyant l’Esprit, Jésus a conscience de multiplier sa Présence : l’Esprit n’a plus aucune limite, il peut envahir tout. L’Esprit, c’est la Présence “secrète” de Dieu… après la présence “visible” qui est Jésus.


Mais le “temps de l’Esprit” est aussi le “temps de l’Eglise”. C’est l’Eglise, c’est nous, qui sommes devenus le Corps du Christ, sa “visibilité”…avec tout ce que comporte des “limites” et des imperfections … mais aussi avec cette certitude que l’Esprit est là, avec nous, animant toujours le Corps de Jésus.


Le livre des Actes des Apôtres est entièrement rempli d’une nouvelle “présence” du Christ. L’Ascension de Jésus nous dit que le Ressuscité, devenu Seigneur de gloire, est désormais, en Dieu, présent en tous les points de l’univers.


Maintenant qu’il est “en Dieu”, Il est présent à la manière de Dieu, c’est-à-dire beaucoup plus présent que nous, dans toute la terre, dans tout le monde, mais différemment…


Ainsi on peut dire que si Jésus est “parti”, c’est pour être plus présent, différemment. C’est une présence cachée, dynamique, active.


Par son Ascension au Cœur de Dieu le Père, par sa nouvelle présence de ressuscité, Il est présent à nous, à tous les temps et en tous les lieux ... partout où travaille un de ses disciples. Partout où travaille l’Eglise, Jésus est à l’œuvre avec elle. Jésus est “assis à la droit de Dieu”, et, en même temps, “travaille avec eux”, sur la terre. “Et Moi Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps”-


Quand Jésus quitte la terre de sa présence visible il assure qu’il sera avec nous jusqu’à la fin des siècles, il englobe toute l’histoire, et chaque minute, et chaque siècle. L’adjectif “tout”, répété intentionnellement par Mathieu suggère une présence véritablement divine et d’une plénitude et d’une nouveauté totale.


Toutes les nations. “De toutes les nations faites des disciples. Allez. Enseignez, baptisez, gardez tous les commandements que je vous ai donnés. “Tous les jours”. Pas une minute, pas un siècle n’est absent au Christ. Oui, depuis son ascension au ciel de la Trinité, Jésus est présent à tout.


Et chaque instant de ma vie pourrait être illumine par cette “présence”. Si l’Evangile doit être crié, “à temps et à contretemps” ajoutera saint Paul (2 Tim 4,2), si la joyeuse nouvelle du Salut, la Bonne Nouvelle doit être proposée à tous, à toute la création dans le monde entier, c’est pour permettre, librement, di dire “oui”… ou “non”!. Chacun peut acquiescer, ou refuser. “Celui qui croira et se fera baptiser sera sauvé. Celui qui refusera de croire sera condamné”.


L’évangélisation provoque un jugement. Il y en a qui croient, et d’autres qui ne croient pas. Certains répondent par la foi, et d’autres par la non-foi. Enjeu fantastique de nos libertés…que Dieu respecte…et que nous devons aussi respecter, sans que cela nous empêche de continuer à crier joyeusement la Bonne Nouvelle de l’Evangile.

Le Pape actuel, Benoit XVI, ne cesse de nous inviter à ce qu’il appelle la nouvelle évangélisation, Jésus ne nous demande pas de convaincre, de prouver … mais de témoigner avec joie notre foi. Jésus nous dit, tout simplement: ”Criez la joyeuse nouvelle de la foi.” On le voit, le message de l’Ascension est d’une brulante actualité

La présence de Christ “assis à la droit du Père” doit être pour tous une invitation, à le suivre par la même route qu’il a fait pour arriver à la même place où il est, au ciel, après avoir été ses témoins, avec lui, en proclamant la Bonne Nouvelle à tous “en temps et à contretemps”, sans jamais nous décourager devant les difficultés et les contrariétés, en suivant l’exemple du Christ, le Seigneur, jusqu’à la fin ; pour arriver comme Lui au côté du Père, au ciel de la Trinité, pour jouir de la gloire que le même Père Lui a donné. Ainsi soit-il.