ICRSP

Demander la célébration de Saintes Messes Faire un don
pour nous soutenir

Fête de l'Immaculée Conception

Gricigliano, 8 décembre 2009

 Sermon de Monseigneur le Prieur Général

 

 

Monsieur le Supérieur,

Messieurs les chanoines,

Ma Révérende Mère,

Bien chers séminaristes,

Très chères sœurs,

Mes bien chers frères,

 

En cette fête de l’Immaculée Conception, fête majeure au sein de notre cher Institut, je voudrais un instant tourner vos regards et vos espérances vers la Très Sainte Vierge, Mère de l’Eglise et du Sacerdoce catholique, notre Mère à tous.

Marie porte le plus magnifique diadème qui soit au monde : non pas un diadème d’or, d’argent, de pierres précieuses, comme en ont les reines d’ici-bas, mais un diadème divin que Dieu lui-même a posé sur son front.

Il y a en effet, par-un privilège qui lui est propre, il y a en elle une triple perfection : une perfection de beauté, une perfection de bonté, une perfection de puissance.

 

I

1. Marie est toute belle, tota pulchra es ; c’est le cri, le chant et la louange de l’Eglise aujourd’hui.

Elle est toute belle, parce que le péché; aucun péché, si léger que vous le supposiez, ne l’a touchée, flétrie.

Elle est toute belle, parce que le démon jamais n’a pu mettre la main sur elle, et imprimer, dans son être très saint et très pur, les stigmates honteux de sa domination.

Elle est toute belle, parce qu’elle est l’image plus parfaite de Dieu qui est la beauté sans ombre, sans nuage, la beauté par essence, la beauté infinie.

Elle est toute belle ; belle dans son corps, où tout est grâce et harmonie et où se reflète un rayon tombé de la face divine ; belle dans son âme où toutes les vertus habitent, comme dans un sanctuaire vivant.

Elle est toute belle ; et je comprends que les grands artistes, d’abord attirés, séduits par un idéal de beauté, mais ensuite accablés par l’idée d’une pareille merveille, n’aient jamais été, malgré leur génie, contents, satisfaits de leur œuvre ; je comprends qu’ils aient parfois déchiré leurs toiles et jeté leurs pinceaux.

2. Marie est toute belle ; mais il y a plus ; la beauté en elle, c’est le rayonnement et la splendeur d’une autre perfection, plus divine encore, si je puis ainsi dire : c’est le rayonnement de la bonté.

Marie est toute bonne. Quand Dieu créa l’homme, a dit Bossuet, il y mit premièrement la bonté.

Mais si Dieu agit ainsi pour nos premiers parents, à plus forte raison le fit-il pour Marie. Car, sans cela, sans cette qualité qui découle de lui, qui est en quelque sorte, à nos yeux, son essence, puisque nous l’appelons, dans notre langage tout filial, « le Bon Dieu, » comment Marie aurait-elle pu être la mère du Verbe incarné, venu sur la terre, attiré par l’amour, pressé par la charité ardente qui brûlait son cœur ?

Et la bonté de Marie, cette bonté créée par Dieu dans son âme, n’a pu que grandir et se développer, comme la fleur qui s’épanouit sous les rayons du soleil ; elle a grandi au contact de Jésus, dans l’intimité si chaste qui unit une mère à son fils.

Voyez donc Marie pendant trente-trois ans avec son Jésus, s’imprégnant chaque jour davantage de la grâce qui découlait de lui.

On a pu dire des âmes pieuses et saintes qui se dévouent soit au service des malheureux, soit dans des pays lointains comme missionnaires, que ce qui les rend si bonnes, si empressées, et parfois si souriantes dans les épreuves de toutes sortes et jusque dans les persécutions qui leur déchirent le cœur, c’est que ces âmes sont toutes proches de Jésus, c’est qu’elles communient, c’est que dans l’Eucharistie elles mangent la charité.

Et c’est bien vrai !

Contemplons Marie ce matin qui, Elle, porte dans son sein le Fils de Dieu, Marie qui Le presse dans ses bras, Marie qui Lui adresse des paroles d’amour dans les effusions de sa tendresse.

Oui, mes bien chers frères, ce matin contemplons cette ravissante communion !

Et de cette communion, de cette intimité la plus douce, la plus étroite qui se puisse concevoir, quelles flammes ! quelles ardeurs ! quel accroissement de charité, de bonté dans son âme déjà naturellement bonne, aimante et sainte !

3. Voici le troisième fleuron du diadème de Marie, ou, si vous voulez, la troisième perfection qui n’appartient qu’à elle.

Si elle avait seulement la beauté, la bonté, nous serions ravis de la contempler, et nous dirions avec l’Eglise :

« Elle est belle elle est splendide entre toutes les filles de la terre, ista est speciosa. »

Mais que pourrions-nous attendre d’elle, en dehors du charme pénétrant qui se dégage de sa personne ?

Eh bien ! elle est toute-puissante.

C’est toute la tradition qui le proclame, tous les docteurs de l’Eglise.

C’est, disent-ils, une toute-puissance suppliante, omnipotentia supplex.

C’est la reconnaissance des peuples qui l’assure : que de miracles, de prodiges obtenus parelle ! Entrez dans ses sanctuaires, agenouillez-vous au pied de ses autels, l’histoire y a écrit là, sur le marbre, sur le bronze, en caractères ineffaçables, les bienfaits de Marie.

Ce sont ces offrandes que tous les ans en votre nom, au nom de tout l’Institut je lui adresse.

C’est l’Eglise tout entière qui l’enseigne, en nous invitant à prier, à invoquer Marie, parce qu’il n’y a rien que nous ne puissions obtenir par son intercession.

Elle est toute-puissante, et vous savez bien pourquoi. On a dit une grande et profondeparole : « Celui qui a le cœur, a tout. »

Eh bien ! dites-moi, est-ce que Marie n’a pas, ne possède pas le cœur de Dieu qui l’a choisie entre toutes les créatures, qui l’a embellie, enrichie de tant de grâces ? Est-ce qu’elle n’apas le cœur de son Fils qui lui doit son humanité sainte ? Est-ce qu’elle n’a pas le cœur du Saint-Esprit qui l’appelle son épouse ?

Et si Marie a le cœur de Dieu, que voulez-vous de plus ? Et pourquoi mettrait-on des limites à sa puissance ? Non, non, il n’y a rien que Marie ne puisse obtenir, parce qu’il n’y a rien que le cœur de Dieu puisse lui refuser.

Et c’est ainsi, par cette haute raison de convenance, qu’elle est toute-puissante, non pas sans doute par nature, mais par privilège.

 

II

Et maintenant, mes très chers frères, si Marie est couronnée d’un pareil diadème de beauté, de bonté et de puissance, vous comprenez pourquoi j’ai voulu tourner, ce matin, vos regards et vos espérances vers elle.

1. Si elle est toute belle, ah ! consolez-vous des tristesses présentes, de toutes les laideurs qui s’étalent en ce moment sous nos yeux, dans notre monde de moins en moins chrétien, pour ne pas dire antichrétien.

Consolez-vous en la louant, en l’admirant, en la chantant. Car si elle est fille de Dieu par la grâce, elle est fille d’Adam par le sang, elle est de notre race, elle est notre sœur, et à ce titre, elle est notre gloire, notre honneur.

Chantez-la, avec les, anges qui l’ont saluée à Nazareth, qui l’ont servie, gardée sur la terre, et qui entourent son trône dans le ciel.

Chantez-la avec les prophètes qui l’ont annoncée, prédite, comme l’aurore qui précède le soleil, comme la tige qui donne le lis embaumé.

Chantez-la avec les apôtres, avec les martyrs, avec les docteurs, avec les vierges, avec toutes les voix d’ici-bas les plus augustes et les plus saintes.

Chantez-la avec l’Eglise et dites-lui, comme elle : « Vous êtes toute belle, il n’y a pas de tache en vous. Tota pulchra es, et macula non est in te. »

2. Si Marie est toute bonne, aimez-la. Aimez-la pour elle-même, pour les vertus qui brillent en elle et qui la mettent si haut au-dessus de l’humanité, même la plus généreuse et la plus dévouée.

Aimez-la pour tous les bienfaits qu’elle a répandus et qu’elle répand encore sur vous. Que de grâces vous lui devez ! Et chacun d’entre vous ce matin, dans son cœur de prêtre, de séminariste, de religieuse, de baptisé, savez combien vous lui devez !

Quant à nous, dans notre Institut, nous savons que nous lui devons tout !

Car, c’est une douce croyance dans l’Eglise que Dieu ne nous donne, ne nous distribue rien que par les mains de Marie, totum nos voluit Deus habere per Mariam.

Aimez-la pour le grand bienfait de l’Eucharistie.

Car enfin, de qui tenez-vous le corps et le sang de Jésus-Christ, cette nourriture sacrée qui nous divinise en quelque sorte ? De qui ? Mais écoutons l’Eglise : Ave verum corpus natum de Maria virgine ! Ce Jésus que, vous allez recevoir ce matin, qui va nourrir votre âme, c’est de Marie que vous l’avez. O merveille de bonté, de charité ! Aimez-la, et imitez-la.

3. Enfin, mes frères, si Marie est toute-puissante, invoquez-la, avec confiance. Les temps présents sont pleins de périls, de dangers pour la foi des catholiques, pour la pureté de leurs mœurs, pour le salut de leur âme. Je me souviens que le Bienheureux Pape Pie IX, chassé de Rome par la persécution, menacé dans sa vie, emporta avec lui deux choses pour sa sécurité. Il prit l’Eucharistie et une image de Marie, et il put surmonter tous les obstacles qui se dressaient sur sa route et se réfugier ainsi à Gaète.

Voilà l’exemple qu’il faut suivre, le bel exemple de ce grand Pape que nous aurons à cœur d’invoquer aujourd’hui, lui qui a proclamé le dogme de l’Immaculée Conception.

Tant que vous resterez attachés à l’Eucharistie, tant que vous aurez le culte de Marie, vous, n’aurez rien à craindre. Ce que Marie garde est bien gardé ; ce qu’elle défend est à l’abri de tous les coups ; et ce qu’elle sauve, c’est pour toujours.

Croyez-moi : notre cher Institut avait et a encore de puissants ennemis, que la meilleure volonté, le génie humain ou les relations de ce monde ne pourraient vaincre si Marie ne le regardait d’un œil maternel.

Ah ! mes très chers frères, ce matin, en consacrant tout notre Institut à l’Immaculée Conception, je vous ai vus si recueillis, si émus, si fervents. Je vous dirai donc, comme Notre-Seigneur à ses apôtres, Nolite timere, pusillus grex, ne vous tourmentez pas, vous avez avec vous Jésus-Christ et Marie, et quand on a une pareille protection, quand on possède de pareils trésors, qu’importe les hommes avec leurs menaces et leurs persécutions ?

Nous venons de nous consacrer à Marie Immaculée, c’est entre ses mains, dans son cœur, que je remets nos intérêts les plus chers, votre sacerdoce, votre vie de séminaristes ou d’oblats, votre belle vocation de religieuses et le salut de vos âmes à vous tous, chers amis de Gricigliano présents en ce jour béni.

 

O Marie, vous dont j’ai essayé de rappeler la beauté, la bonté, la puissance, et qu’aucune parole ne saurait louer assez, ah ! c’est le moment de montrer que vous êtes notre Mère bien-aimée, et que nous pouvons tout espérer de vous !

Nous sommes à vos pieds, et en même temps que je vous implore; ce sont vos enfants qui vous parlent par ma bouche, et nous n'avons tous qu'une voix et qu'un cœur pour vous dire et vous répéter mille et mille fois :

« O Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ! »

Ainsi soit-il.