ICRSP

Sermon prononcé par notre Prieur Général, Mgr Gilles Wach, en la fête de Saint François de Sales.

Gricigliano, 29 janvier 2003.

Mes bien chers amis prêtres et séminaristes de l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre, et à vous tous, amis de Gricigliano,

Le Prophète, dit S. Thomas, occupe dans le monde divin une place singulière : il est entre les hommes et Dieu l’intermédiaire providentiel ; il porte à la terre la vérité de Dieu, au ciel les prières des hommes. Pour cela nécessairement il est uni à l’un et à l’autre ; à Dieu par la vérité qu’il contemple pour la prêcher ; aux hommes par la charité qui le pousse à prier pour eux. S’il est vrai que la religion est la mystérieuse échelle de Jacob qui relie le ciel et la terre, à côté des anges invisibles les prophètes passent leur vie à la monter, à la descendre pour remplir leur office divin.

Aussi voyez de quelle lumière brillent au firmament de l’Histoire Sainte les noms des anciens Prophètes ! Quels magnifiques prédicateurs de la révélation divine ! Quels intercesseurs inlassables en faveur de leur nation ! Le Prophète incarnait alors toute la vérité du ciel, toute la charité de la terre. Sa voix immense remplissait l’abîme de la religion : l’homme entendait Dieu, Dieu entendait l’homme ; car dans le cœur infini du Prophète les échos de la foi divine se mêlaient aux échos de la prière humaine. Le Prophète devenait le centre de la création tout entière, si lumineux, si bienfaisant qu’on n’attendait pas du Messie lui-même qu’il fût autre chose que le Prophète !

Or, ne pensez pas, mes chers amis, que dans l’Eglise de Jésus-Christ la race des prophètes soit éteinte. Au contraire, S. Paul les nomme expressément comme des membres indispensables à l’édification du corps mystique de Jésus-Christ : « Il y a, dit-il, des apôtres, puis des prophètes, des Pasteurs et des Docteurs, des thaumaturges et des saints ».

Dans la charpente de l’Eglise quelle place occupe S. François de Sales ? Pour le savoir j’ai fait comme les princes des prêtres qui s’inquiétaient de Jean-Baptiste. Ils envoyaient des messagers pour l’interroger tout simplement : « Qui êtes-vous en vérité ? Nous rapporterons la réponse à ceux qui nous ont envoyés. » J’ai donc interrogé la vie et les oeuvres de notre Saint Patron : « Qui êtes-vous en vérité ? » Tout simplement je vous rapporte la réponse. Dans la solitude de la méditation et de l’étude, j’ai vu un grand prophète, l’un des plus admirables prédicateurs de Dieu, et l’un des plus aimables intercesseurs des hommes.

Notre patron, mes bien chers amis, c’est un grand prophète de Dieu : « Hic est fratrum amator qui multum orat pro populo, propheta Dei, » que nous célébrons ensemble aujourd’hui très solennellement dans notre maison généralice de Gricigliano, cœur de notre Institut, et que nous regardons justement comme l’une des gloires les plus pures de l’Eglise.

I. - L’admirable Prédicateur de Dieu

Prédicateur, il le fut pour ainsi dire dès son enfance. « Je ne suis, disait-il à un jeune archevêque, qu’un chétif et malotru prédicateur ; mais je sais que la prédication c’est la publication de la volonté de Dieu faite aux hommes par celui qui leur est légitimement envoyé, afin de les instruire et émouvoir à servir sa divine Majesté en ce monde pour être sauvé dans l’autre! »

A qui de nous ferez-vous croire, ô grand Saint, que vous ayez mal pratiqué ce que vous enseigniez si bien ? Mais le temps est passé pour vous de l’humilité nécessaire ; et la vérité magnifique, dont vous vous glorifiez au ciel, c’est d’avoir été sans conteste l’un des plus admirables prédicateurs de l’Evangile : ayant eu dès votre bas âge le souci de connaître la vérité divine, ayant reçu à votre tour la mission de la révéler, l’ayant enfin prêchée aux hommes avec un éclat et un succès dont l’écho se prolonge encore !...

Ne dirait-on pas, chers amis de l’Institut, à entendre certains grands prédicateurs, que Dieu leur devrait une révélation immédiate, comme autrefois à ses prophètes ? – « Ah ! vraiment j’envie votre foi ; je voudrais croire comme vous ! » - Mais cette foi est un don de Dieu ; l’avez-vous demandée tous les jours comme S. François de Sales ? Cette foi est une vertu ; l’avez-vous cultivée comme S. François de Sales par de patientes études et de ferventes méditations ?

La vérité, c’est un germe, que le baptême dépose en nous, et que la main d’une pieuse mère comme celle de S. François de Sales devrait bientôt éveiller au cœur de son petit enfant.

La vérité divine, mais c’est le meilleur pain dont l’intelligence d’un jeune homme, toujours avide de savoir, devrait se sentir affamée ! La vérité divine, c’est dans un cœur pur le reflet du Verbe de Dieu !

Si donc vous n’avez pas la foi vive, et si la vérité du Christ n’habite pas votre intelligence, c’est, j’en suis sûr d’avance, que vous n’avez pas fait comme S. François de Sales : ou bien vous n’avez pas prié, ou vous n’avez pas étudié, ou votre cœur n’est pas pur. Et je ne suis pas étonné, parce que seule la vérité délivre, que notre pauvre monde soit peuplé d’esclaves que notre société a robotisé ; et parce que la foi nous sauve, que la société agonise dans les affres du doute et les ténèbres de l’erreur !

Heureuse mère, dont l’enfant, quand il dira ses premières paroles, balbutiera cet oracle digne d’un prophète : « Dieu et ma mère m’aiment bien ! » Sous la direction d’une telle mère, c’est merveille de voir l’intelligence de François s’ouvrir à la vérité. A trois ans, il discute, il réfléchit, il interroge ; et quand il a compris, il rassemble au son de sa clochette ses petits compagnons de jeux, et leur prêche déjà ce qu’il sait.

Il était aisé de prédire la vocation de cet enfant. Son père est le seul à ne pas la voir. Elle dérange tellement ses calculs ! Mais, vous ne le savez que trop bien, chers prêtres ou séminaristes de l’Institut, trop peu de parents aujourd’hui sont assez chrétiens pour s’inquiéter des signes d’une vocation divine avant de décider de l’avenir de leurs enfants ? Trop souvent, produits – conscients ou inconscients – de cette pauvre société de consommation qu’ils sont, ces parents ne se préoccupent pour leurs enfants que de les combler des plaisirs de ce monde. Plaisirs sensuels, plaisirs du pouvoir et bien sûr, celui qui est le maître, celui qui détruit tout, celui que la Bible nomme Mammon : l’argent.

« Tant mieux ! devait se dire le seigneur de Sales. J’ai la chance d’avoir un enfant doué de tous les dons de l’esprit ; il faut que ma maison en tire un lustre tout nouveau : Mon fils sera un sénateur ! Qu’il apprenne toutes les sciences humaines ! » Et l’enfant merveilleux les apprend à Paris. « Qu’il apprenne maintenant le droit ! » Et François l’apprend à Padoue. « Qu’il en acquière tous les diplômes ! » Et François les acquiert tous. C’est alors le moment de mettre en branle les meilleures influences possibles, et un beau jour arrivent au château les lettres patentes du prince nommant le jeune seigneur de Sales sénateur de la Savoie. Et devant son père comblé de bonheur, François refuse l’honneur princier ; car lance-t-il à son auditoire stupéfait : « Dieu me veut à son service ! » Comme la résolution était inébranlable, la Savoie dut compter un petit sénateur de moins, pour que l’Eglise s’enorgueillît d’un de ses plus grands prophètes !

Il s’y était d’ailleurs préparé de longue main, étudiant les sciences sacrées en même temps que les profanes, si bien qu’au jour où son Evêque lut donne la mission de prêcher, tout le monde, jusqu’à son père, est saisi d’admiration.

Qu’il prêche avec autorité : sa mission lui en donne le droit. Qu’il instruise : son éducation lui en a fourni les moyens. Qu’il convainque : c’est sans doute l’effet de sa conviction personnelle. Qu’il ébranle tous les cœurs : on ne résiste pas à la vertu. Cependant d’autres avant lui, autant que lui, ont brillé dans la chaire sacrée. Mais il fait mieux que de briller ; il éclaire, lui, et il échauffe, semblable au Prophète dont il est écrit que sa parole était une lampe ardente.

De quel feu sacré, de quel zèle dévorant notre jeune apôtre se sent embrasé ! Entre ses mains la vérité lance des éclairs, comme un glaive qui terrasse l’hérésie jusque dans ses derniers repaires. Mais ce glaive ne blesse jamais, car si la lame a le tranchant de l’esprit le plus affiné, sa pointe est émoussée par une douceur incomparable. Ce n’est pas le sang qu’il tire du cœur par la violence, mais les larmes du repentir par l’onction de sa parole.

Or, pour assurer le triomphe de la vérité révélée, notre Prophète se garde bien de déguiser ou de farder la divine folie de la Croix, et d’en faire une sagesse humaine. Maudit soit le prophète qui cache la vérité ! François de Sales ne la cache pas, il la montre, c’est l’ostensoir de la foi ; mais c’est un ostensoir d’or, où la vérité apparaît si belle qu’on l’admire, si attirante qu’on la suit, si divine enfin qu’on l’adore et qu’on l’aime !

Et pendant trente ans, sans trêve ni repos, l’inlassable prédicateur parcourt les villes et les campagnes, laissant derrière sa parole une immense traînée de lumière qui illumine tout ce qui l’approche, qui échauffe tout ce qui le touche, qui embrase tout ce qu’il pénètre, qui jette enfin toutes les âmes dans les bras de la vérité !

O toute-puissance de la parole, quand elle n’est qu’un écho du Verbe éternel ! Comme lui, elle crée un univers. Le prophète parle ; et à sa voix un monde divin surgit dans le néant de l’âme ; le soleil de la foi s’allume au firmament de la pensée, tous les champs de nos facultés se couvrent de fleurs et de fruits d’une dévotion exquise. Le prophète parle ; et à sa voix le brasier divin jette des étincelles de lumière et d’amour : ce sont les paroles du prophète, reflétant le Verbe de Dieu !

Il n’est peut-être pas, mes bien chers amis, dans toute l’histoire de l’éloquence, non seulement humaine, mais divine, un témoignage plus éclatant de la puissance de la parole que la prédication de S. François de Sales. On dit que dans la Savoie il n’y avait pas cent catholiques au début de son ministère, et qu’à sa mort on n’y comptait pas cent hérétiques. Ce doux conquérant du bon Dieu convertit soixante-dix mille âmes à la Croix de Notre Seigneur Jésus Christ.

Sans compter, parce que Dieu seul en sait le nombre, toutes les âmes que ses livres ont orientées vers le ciel. Car, à la manière des anciens Prophètes, s’il parlait puissamment, il écrivit comme eux ces livres vraiment inspirés que – j’espère – nous connaissons tous très bien, comme l’Introduction à la vie dévote, les Entretiens spirituels, le Traité de l’Amour de Dieu.

« N’allez pas entendre l’Evêque de Genève », disait-on jadis aux hérétiques endurcis. A nous, qui voulons être ses disciples, imprégnons-nous de ses œuvres ; et si la dévotion n’est pas encore bien ancrée dans nos vies, c’est que nous ne mesurons pas ce qu’elle est, c’est que nous n’avons jamais vraiment vu son visage. Alors, contemplez-le dans le miroir des oeuvres de S. François de Sales.

Et comme vous voudrez aussitôt en reproduire les traits divins dans votre vie, vous en demanderez et vous en obtiendrez la grâce par l’intermédiaire de celui qui, non content d’être sur terre l’illustre prédicateur de Dieu, se montra le plus aimable intercesseur des hommes !

II. - L’aimable intercesseur des hommes

C’est pour nous, prêtres et prédicateurs, un sujet de grande confusion, de voir que notre parole soit d’ordinaire si peu féconde. Nous avons pourtant, comme S. François de Sales, étudié longtemps l’Evangile, et si notre chandelier est moins élevé que le sien, c’est le même flambeau que nos mains consacrées montrent aux regards de tous les hommes. Pourquoi donc, sont-ils moins empressés à profiter de sa lumière ? Pourquoi notre parole ne les sauve-t-elle pas ? Résisteraient-ils à sa vertu ; ou ne serions-nous plus capables de les gagner à Jésus Christ ?

La vérité, mes bien chers amis., c’est que nous ne sommes le plus souvent que des moitiés de prophète ! Quand sur les ailes de la contemplation l’intelligence du prophète s’est élevée jusqu’au trône de la vérité éternelle, qu’elle en est toute illuminée, c’est bien qu’elle redescende sur terre, et qu’elle en répande les rayons par une parole de feu. Mais ce n’est là que la moitié de l’office divin du prophète. Après avoir, par sa parole, proposé le salut aux hommes, il lui reste à l’obtenir de Dieu par une prière toute-puissante. Or, nous savons parler peut-être ; mais nous ne savons pas prier comme S. François de Sales, notre illustre Patron. Ah ! le voilà, le vrai prophète, qui sous la poussée d’un amour tout divin priait beaucoup et prie toujours pour le salut de son peuple : Hic est fratrum amator, qui multum orat pro populo.

C’est un dogme de notre foi, que chacun de nos pas sur la route du ciel est un don gratuit du bon Dieu ; que la grâce nous en est offerte, mais qu’il nous faut la demander ; que donc notre âme, mes bien chers frères, ne monte au ciel qu’en priant. La raison en est admirable ; et comme elle explique en définitive l’apostolat de notre saint, accordez-moi la joie de vous la dire en peu de mots.

Le premier pas d’un être vers sa fin, c’est proprement le désir. Pour marcher vers un but, il ne suffit pas, en effet, de savoir qu’il existe, pas même de le regarder. Il faut qu’il séduise, il faut qu’il attire ; qu’il se fasse, en un mot, désirer. L’ascension d’une âme vers le ciel ne commence qu’avec le désir ; elle est donc provoquée seulement par une divine espérance. La foi n’a pas cette vertu. Elle nous montre de loin le ciel comme le terme de notre route ; mais elle ne met pas notre âme en mouvement pour l’atteindre. Il faut que par l’espérance nous en ayons le vif désir. Sans doute le désir est né de la pensée et l’espérance de la foi ; la foi nous a donné le germe, que l’espérance fait pousser, et sa première poussée de sève s’appelle de son nom le désir. En nous faisant désirer Dieu, c’est donc proprement l’espérance qui détermine notre ascension. Mais comment la réalise-t-elle ? En nous faisant par la prière rechercher le secours de Dieu. Le désir est son premier acte, celui qui regarde le but ; la prière est son deuxième acte, celui qui assure les moyens. Sans prière, l’espérance est vaine et le désir inefficace. Encore faut-il que la prière soit vraiment un acte d’espérance, qui sorte de la foi, qui aille jusqu’à Dieu, et dure autant que le trajet, c’est-à-dire autant que la vie.

De ces principes indubitables la conclusion est nécessaire. Si le Prophète est un sauveur, ce n’est pas assez que sa foi lumineuse fasse resplendir la vérité. Il doit être une âme d’espérance, animée d’un ardent désir et capable par sa prière d’élever les âmes jusqu’au ciel. Encore faudra-t-il que ces âmes s’abandonnent entre ses mains. Elles le feront, soyez-en sûr, comme un enfant se laisse volontiers porter par sa mère, si elles sentent dans le cœur de leur prophète vénéré un aussi tendre et doux amour.

A ce portrait, mes chers amis, votre piété a reconnu le plus aimable de tous les saints et notre Patron bien-aimé. La douceur était sur ses lèvres, parce que l’amour emplissait son cœur !

Un discours ne suffirait pas à célébrer sa charité si affectueuse pour les siens, si délicate pour ses amis, si bienveillante même pour ses ennemis. Une charité que rien n’altère, rien ne lasse, rien ne diminue. Une charité qu’on voit toujours briller dans son regard, qu’on recueille dans toutes ses paroles, qu’on sent dans tous ses gestes, qu’on suit à la trace de ses pas. Il semblait la charité faite homme, tellement il en est le modèle accompli !

Mais cet amour de ses frères, parce qu’il l’avait puisé au cœur même de Dieu, cherchait à remonter à sa source divine par un désir incessant de porter les âmes à Dieu. Oh ! le tourment de l’apôtre qui voudrait sauver tout un monde, et dont les forces humaines trahissent le rêve divin ! On raconte qu’un jour, dit la Bulle de canonisation de notre saint, du haut du fort des Allinges, portant ses regards sur la campagne environnante, dévastée par l’hérésie, François de Sales fut si vivement touché de la perte de tant d’âmes, que poussant un profond soupir : « Non, non, s’écria-t-il, je ne puis m’empêcher de courir à leur secours ! »

Sous la poussée de son désir d’apôtre, il y courut jusqu’à la mort, leur prodiguant avec le secours de son admirable parole le secours bien meilleur encore de ses charitables prières. Cet homme de Dieu priait toujours ; non pour lui - il n’en prenait pas le loisir - mais pour les âmes qu’il chérissait divinement.

Et comme, sans doute il chérissait aussi les nôtres, dans son désir de nous sauver il nous a laissé en mourant le secours de ses pieux ouvrages, les plus aimables qui soient au monde ; tandis que du haut du ciel il prie encore mieux pour nous.

Car vous pensez bien que les Saints ne nous oublient pas dans la gloire. Comme Jésus ils passent leur ciel à intercéder puissamment en faveur de leurs bien-aimés. Et quelles âmes, ô Saint François de Sales, aimeriez-vous mieux que celles-ci, qui vous regardent et qui vous aiment comme le Père de leur vie chrétienne et sacerdotale ? Car nous vous avons choisi, ô Bienheureux Prophète comme notre père et notre modèle.

Et puisque le ciel est partout où le bon Dieu se trouve, mon cœur me dit qu’il doit vous plaire d’être à cette heure parmi nous, dans cette chapelle de l’Immaculée Conception de Gricigliano. Vous êtes là, j’en suis sûr, abaissant vos yeux pleins de gloire sur nos yeux pleins d’inquiétude – et parfois pleins de larmes – et unissant dans votre cœur les vœux de notre église en fête aux hommages des saints dans le ciel !

Dites donc vous-même à chacune de ces âmes, ô grand prédicateur de Dieu, ce que je n’ai pas su leur dire : Que rien au monde n’est plus beau, ni meilleur, ni plus divin que de connaître la vérité et de la répandre par sa parole et par sa vie ; et que tout membre de l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre devrait être le missionnaire de notre unique et vrai Dieu si bon !

Dites-leur, ô grand Saint, que pour sauver une âme il faut l’aimer infiniment ; et que chacun de nous pourrait sauver l’âme de son frère si nous savions mieux nous aimer : d’un amour assez tendre et fort, assez sincère et délicat, assez vrai et divin. pour que jamais l’indifférence, l’ingratitude ni l’injure ne puissent, je ne dis pas en tarir la source, mais en arrêter même l’effusion !

Dites-leur, dites surtout à ces âmes qui vous sont chères, celles de vos prêtres et séminaristes réunis ici, que le secret du Paradis se trouve dans une prière ardente et continue.

Dîtes-leur que pour vous rejoindre en Paradis, il nous faut nous détacher de tous les biens de la terre, et avant tout de nous-mêmes.

Dîtes-leur, comme le Cardinal Siri le faisait remarquer dans son testament, que la vie est courte et le temps précieux, qu’il nous faut bien l’employer, surtout et d’abord pour les choses du Bon Dieu et de son Eglise.

O notre saint patron bien-aimé, aujourd’hui particulièrement nous sentons votre présence parmi nous ; c’est pourquoi nous vous invoquons, c’est pourquoi nous vous supplions, c’est pourquoi nous vous prions d’intercéder auprès de la Trinité Sainte en notre faveur afin que nous devenions ce que vous avez été sur terre : un prophète du Dieu très haut, très grand et infiniment bon.

Ainsi soit-il !