« Seigneur, où demeures-tu ? »
(Cantique spirituel B, n°1, 7-8, saint Jean de la Croix)
Sachons-le bien, le Verbe, Fils de Dieu, réside par essence et par présence, en compagnie du Père et de l’Esprit Saint, dans l’essence même de l’âme, et il y est caché. L’âme qui aspire à le trouver doit donc sortir selon l’affection et la volonté, de tout le créé ; elle doit entrer en elle-même et s’y tenir dans un recueillement si profond que toutes les créatures soient pour elle comme si elles n’étaient pas.
Dieu est donc caché dans notre âme et c’est là que le vrai contemplatif doit le chercher.
Eh bien donc, ô âme, la plus belle d’entre les créatures de Dieu, toi qui désires si ardemment savoir où se trouve ton Bien Aimé, afin de le chercher et de t’unir à lui, voici qu’on te le dit : tu es toi-même la demeure où il habite, la retraite où il se cache. Quelle joie, quelle consolation pour toi ! Ton trésor, l’objet de ton espérance, est si proche de toi qu’il est en toi-même, ou, pour mieux dire, tu ne saurais être sans lui.
Grande consolation pour une âme de savoir que jamais Dieu ne la quitte. Le péché mortel lui-même ne l’éloigne pas. A combien plus forte raison fera-t-il sa demeure dans l’âme qui est en grâce.
Que peux-tu désirer encore, chère âme ? Que cherches-tu au-dehors, puisque tu possèdes en toi-même tes richesses, tes plaisirs, ta jouissance, ton rassasiement et ton royaume. Réjouis-toi, exulte en ton recueillement intérieur, dans la compagnie de Celui qui est si proche de toi.
La seule difficulté, c’est que tout en résidant en toi, il y demeure caché. C’est déjà beaucoup cependant de savoir avec certitude où il se cache, car tu peux l’y chercher avec l’assurance de l’y trouver.