ICRSP

 

FETE DE SAINT THOMAS D’AQUIN

 

LE 7 MARS 2002

 

Sermon prononcé par M. l'abbé Paul-Antoine Lefèvre.

 

 

 

Le n°8 de nos Constitutions stipule :

 

" Les Patrons secondaires de l'Institut sont saint François de Sales : le "pédagogue de l'Amour" ; saint Thomas d’Aquin, le Docteur Commun, et saint Benoît qui, par ses fils, a fait oeuvre d'Évangélisation à travers la Liturgie, source et sommet de la vie chrétienne. "

 

Par la reconnaissance de nos Constitutions le 1er septembre 1990, et par mandat du Pape en date du 22 juillet 1994, le Saint Siège par la Sacré Pénitencerie Apostolique accorde aux Membres de l’Institut en cette fête Patronale l’Indulgence plénière aux conditions habituelles.

 

Aujourd’hui est pour chacun de nous un grand jour de grâces : efforçons-nous d’en bien profiter pour la gloire de Dieu, le salut des âmes et une bien juste réjouissance pour nos âmes.

 

- Avec saint François de Sales, notre Institut a son maître de Spiritualité pour le gouvernement et une sage direction des âmes.

 

- Avec saint Benoît, notre Institut a un maître de prière qui nous enseigne le primat du culte divin : culte tout à la fois moral et théologal par les vertus qu’il met en œuvre.

 

- Avec saint Thomas, notre Institut a un maître pour penser solidement, clairement, subtilement et sublimement.

 

- Saint François de Sales affermit notre charité en nous faisant vivre de l’Amour de Dieu.

 

- Saint Benoît affermit notre Espérance en nous faisant déjà vivre de la Liturgie des Bienheureux.

 

- Saint Thomas affermit notre Foi par une meilleure pénétration des mystères de Dieu.

 

- Avec saint François de Sales, les membres de l’Institut s’unissent dans un même esprit de famille, une même charité toute emprunte de douceur, de modestie et de cette pieuse dignité qui sied à l’état sacerdotal.

 

- Avec saint Benoît, les membres de l’Institut s’unissent chaque jour davantage autour de l’autel pour mieux vivre de l’essence du sacerdoce en suivant la doctrine du Pontifical romain : " Agnoscite quod agitis ; imitamini quod tractatis ".

 

- Avec Saint Thomas, les membres de l’Institut travaillent pour une meilleure unité de pensée et de contemplation.

 

Le diable est le diviseur qui s’évertue à détruire l’œuvre divine en semant partout l’ivraie de la division.

 

Il sème l’ivraie pour diviser les cœurs par les querelles intestines, les jalousies cléricales, l’esprit d’indépendance et les ambitions personnelles.

 

Avec saint François de Sales, il faut triompher du diable par le lien de la charité.

 

Avec saint Benoît, il faut triompher de la division par les liens de l’obéissance et l’amour du Maître crucifié sur l’autel de la croix.

 

Avec saint Thomas, il faut triompher du diable par la vertu d’humilité et l’humble soumission à la vérité naturelle et surnaturelle.

 

Nous ne sommes pas dans un Institut religieux pour nous sanctifier par les trois vœux, de religion, mais nos statuts prescrivent que " les membres de l’Institut sont liés hiérarchiquement entre eux par l'engagement sacré de tendre à la perfection sacerdotale en menant une vie fraternelle et commune dans l'observance des Constitutions. "

 

Ainsi, cette législation qui est la nôtre nous donne la grave obligation de pratiquer le plus saintement possible les vertus d’obéissance, de pauvreté et de chasteté.

 

Avec saint François, nous apprenons à aimer le détachement de l’amour propre ;

 

Avec saint Benoît, nous apprenons à aimer l’obéissance ;

 

Avec saint Thomas, nous apprenons à aimer la chasteté et la contemplation qui nous rendent semblables aux anges.

 

Le Docteur de l’amour est un excellent remède à la faiblesse de notre volonté,

 

Le Patron de l’Europe est un excellent remède à la faiblesse de notre prière,

 

Le Docteur Angélique est notre remède à la faiblesse de notre intelligence.

 

- Le très doux Evêque de Genève est le saint qui nous apprend à devenir bon pasteur,

 

- Le patriarche du Mont Cassin est le saint qui nous apprend à être homme de Dieu, homme de prière, homme de l’autel.

 

- L’angélique Docteur est le saint qui nous apprend à devenir sage dans la vérité de la lucidité réaliste.

 

- Saint François de Sales par son sens de la mesure et la juste appréciation des exigences de l’Amour vrai nous préserve du faux quiétisme, du sentimentalisme et du jansénisme.

 

- Saint Benoît par son sens de l’autorité nous préserve de l’esprit de singularité et d’indépendance qui est l’esprit d’orgueil ;

 

- Saint Thomas par la fermeté de sa rationalité et son humilité nous préserve de l’idéologie, de l’esprit de système, de l’intellectualisme orgueilleux qui a toujours engendré toutes les hérésies.

 

En notre triste siècle de totale confusion et errance intellectuelle, Notre saint Père le Pape Jean Paul II nous redonne solennellement saint Thomas d’Aquin comme maître des études.

 

En son Encyclique Fides et Ratio, il enseigne :

 

" Parmi les grandes intuitions de saint Thomas, il y a celle qui concerne le rôle joué par l'Esprit-Saint pour faire mûrir la connaissance humaine en vraie sagesse. Dès les premières pages de sa Somme théologique, l'Aquinate voulut montrer le primat de la sagesse qui est don de l'Esprit-Saint et qui introduit à la connaissance des réalités divines.

 

Sa théologie permet de comprendre la particularité de la sagesse dans son lien étroit avec la foi et avec la connaissance divine. Elle connaît par connaturalité, présuppose la foi et arrive à formuler son jugement droit à partir de la vérité de la foi elle-même: "

 

La sagesse comptée parmi les dons du Saint-Esprit est différente de celle qui est comptée comme une vertu intellectuelle acquise, car celle-ci s'acquiert par l'effort humain, et celle-là au contraire "vient d'en haut". (..)

 

La priorité reconnue à cette sagesse ne fait pourtant pas oublier au Docteur Angélique la présence de deux formes complémentaires de sagesse: la sagesse philosophique, qui se fonde sur la capacité de l'intellect à rechercher la vérité à l'intérieur des limites qui lui sont connaturelles, et la sagesse théologique, qui se fonde sur la Révélation et qui examine le contenu de la foi, atteignant le mystère même de Dieu. "

 

Aujourd’hui, en cette fête de saint Thomas d’Aquin, suivant les enseignements et recommandations du Vicaire du Christ, sa Sainteté le Pape Jean Paul II,

 

Prions notre bien aimé Docteur, saint Thomas d’Aquin afin qu’il nous obtienne la grâce de cette triple sagesse : philosophique, théologique et mystique.

 

Sagesse philosophique par la découverte des beautés de l’ordre naturel dans les êtres physiques et vivants, dans la belle ordonnance des actes humains, mais aussi dans les lois de l’art véritable qui est resplendissement de beauté parce qu’il imite la beauté de Dieu Créateur.

 

Contemplation philosophique en rejoignant par la raison seule " Celui qui est " l’ " Acte pur ", l’ " Ipsum Esse subsistens ",

 

Le Premier Moteur non mû ;

 

La Première Cause efficiente ;

 

Le Premier Nécessaire ;

 

L’Etre suprême, infiniment parfait ;

 

Intelligence suprême, Omniscient

 

Sagesse théologique par l’étude assidue de cet admirable chef d’œuvre qu’est la Somme Théologique.

 

Sagesse mystique, sagesse des saints : œuvre de l’Esprit aux 7 dons qui nous comble lorsqu’il nous voit bien disposé.

 

Prions notre bien aimé Docteur afin qu’il nous obtienne la grâce de rester humble en nos savantes études.

 

Prions notre angélique Frère aîné, afin qu’il nous obtienne la vertu de studiosité : cette sainte application aux études qui nous permet d’enseigner avec clarté, sûreté et précisions.

 

Prions notre bien aimé Maître afin qu’il nous obtienne la grâce d’une Foi plus profonde et plus savoureuse.

 

Notre Institut est une famille, un corps organisé.

 

A chacun de bien tenir la place que Dieu nous donne par l’intermédiaire de nos Supérieurs.

 

Pour les uns, un office plus en vu ;

 

Pour les autres, un office plus modeste.

 

Dans le corps, " tous les membres n'ont pas la même fonction " dit saint Paul (Rm. XII, 4-5), mais tous ont un rôle important et si l’un vient à défaillir en son service, c’est tous les membres qui en subissent les conséquences et le bateau avance moins vite parmi les flots et les perturbations du siècle.

 

Sur notre bateau aux étendards du Christ Roi: chacun sa place.

 

Avec saint François de Sales pour que la charité fraternelle réjouisse toujours notre cœur,

 

Avec saint Benoît pour que la Liturgie nous donne des ailes,

 

Avec saint Thomas pour savourer les beautés pures de la Doctrina Sacra.

 

Saint Thomas est un vrai Maître parce qu’il a su pratiquer toutes les vertus qu’il a enseignées.

 

Sa Foi fut solide et profonde,

 

Son Espérance fut toujours paisible au milieu des tourments,

 

Sa Charité toujours brûlante en le maintenant dans une continuelle union à Dieu.

 

Saint Thomas fut grand Théologien, mais il resta humble et pieux.

 

Saint Thomas fut à l’honneur dans les plus grandes universités du monde, il conserva cependant une sainte répugnance pour la gloire du monde, trop amoureux qu’il était de la gloire de Dieu.

 

Et c’est en cette lumière que l’on comprend pourquoi l’Eglise nous donne l’Epître de ce jour :

 

" J'ai prié, et l'intelligence m'a été donnée, j'ai invoqué, et l'esprit de Sagesse m'est venu. Je l'ai préférée aux sceptres et aux trônes et j'ai tenu pour rien la richesse en comparaison d'elle.

 

Je ne lui ai pas égalé la pierre la plus précieuse; car tout l'or, au regard d'elle, n'est qu'un peu de sable, à côté d'elle, l'argent compte pour de la boue. " Sagesse VII, 7 et suivants.

 

Saint Thomas fut soumis à rude épreuve par les multiples voyages que l’obéissance lui imposait : il resta toujours prompt à suivre la volonté de Dieu en n’écoutant pas la voix de son amour propre.

 

Saint Thomas fut exposé à la tentation de l’impureté comme saint Benoît et saint François de Sales, il sut triompher de ces démons par sa filiale affection envers sa mère du ciel, sa Souveraine.

 

Nous connaissons sa dévotion envers sa Souveraine par la prière qu’il nous a laissée pour la supplier humblement :

 

" O très bienheureuse et très douce Vierge Marie, Mère de Dieu, très pleine de toute bonté, fille du Souverain Roi, Reine des anges, Mère du Créateur de toutes choses, je jette dans le sein de votre miséricorde, aujourd’hui, tous les jours de ma vie, mon corps, mon âme, tous mes actes, pensées, volitions, désirs, paroles, actions, ma vie tout entière et ma fin. Que par vos suffrages tout soit ordonné au bien selon la volonté de votre bien-aimé Fils, Notre-Seigneur Jésus-Christ; afin que vous soyez, O ma très sainte Souveraine, mon aide et ma consolation contre les embûches de l’antique adversaire et de tous mes ennemis.

 

De votre cher Fils Seigneur Jésus-Christ, daignez m’obtenir la grâce qui me permettra de résister aux tentations du monde, de la chair, du démon, et d’avoir toujours un ferme propos de ne plus pécher à l’avenir, mais de persévérer en votre service et en celui de votre cher Fils.

 

Je vous prie, O ma très sainte Souveraine, de m’obtenir une vraie obéissance et une vraie humilité de cœur, afin que je me reconnaisse avec vérité un misérable et fragile pécheur, impuissant non seulement à faire la moindre bonne oeuvre, mais encore à résister aux attaques continuelles sans la grâce et le secours de mon Créateur et sans vos saintes prières.

 

Obtenez-moi aussi, O très douce Souveraine, une perpétuelle chasteté d’esprit et de corps, afin que d’un cœur pur et d’un corps chaste, je puisse servir votre Fils aimé et vous-même dans votre Ordre.

 

Obtenez-moi aussi, O très douce Souveraine, une charité vraie qui me fasse aimer de tout mon cœur votre Fils très saint, Notre Seigneur Jésus-Christ, et vous, après lui, par-dessus toutes choses, et le prochain en Dieu et à cause de Dieu, de telle sorte que je me réjouisse du bien, que je m’afflige du mal, que je ne méprise personne, que je ne juge jamais témérairement, que je ne me préfère dans mon cœur à qui que ce soit.

 

Faites aussi, O Reine du ciel, que j’unisse toujours dans mon cœur la crainte et l’amour de votre doux Fils; que je lui rende grâces sans cesse de tant de bienfaits qui me viennent non de mes mérites, mais de sa pure bonté, et que je fasse de mes péchés une confession pure et sincère, une pénitence vraie, pour mériter grâce et miséricorde… "

 

Avec son Fils, Jésus Christ Notre Seigneur, Notre Souveraine a voulu notre institut ; c’est trop évident lorsque l’on voit la protection dont il a toujours été l’objet.

 

Cette œuvre de Dieu pourra durer et donner des fruits de sainteté ; mais pour que ceux-ci adviennent encore et toujours, il nous faut rester bien fidèle et fervent dans notre prière auprès de nos bien aimés saints Patrons.

 

Renouvelons aujourd’hui nos saintes résolutions :

 

Demandons avec insistance auprès de saint Thomas que Dieu nous accorde la grâce de l’humilité et celle de la générosité.

 

Prenons exemple sur saint Thomas pour rester serviteur de l’Eglise là où Dieu nous placé.

 

Alors oui, notre barque pourra prendre encore un peu plus d’ampleur et traverser les tempêtes, les flots agités et les secousses causées par tous les démons de l’enfer ;

 

Alors oui, par l’humilité des plus humbles et le sérieux des plus forts ; notre joli bateau continuera sa belle lancée.

 

Saint Benoît, saint François de Sales et saint Thomas sont avec nous : si nous sommes fidèles à nos devoirs, nous n’avons rien à craindre :

 

Nous vaincrons par les beautés de la Liturgie ;

 

Nous vaincrons par la douceur de saint François ;

 

Nous vaincrons par la sagesse de notre bon Frère Thomas.

 

Que Dieu soit loué et glorifié pour nous avoir donné de si grands saints Patrons.

 

Que Dieu soit loué de nous donner aujourd’hui cette fête de saint Thomas qui nous console si nous avons besoin de l’être et nous ravit le cœur par la lumineuse clarté de son intelligence et la pureté de son âme.

 

Ces amis du ciel sont nos meilleurs amis, que Dieu soit loué et gracieusement remercié pour nous les avoir donnés comme saints Protecteurs.

 

Que Dieu soit encore glorifié en ses saints et les tous les Membres de notre Institut, ainsi soit-il.