Textes de saint François de Sales sur la sainte Vierge IX 5: Sermon de St François de Sales pour la veille de Noël, 24 déc. 1613 « Notre-Dame porte en son nom la signification d’étoile de mer ou d’étoile matinière. « Etoile de mer », c’est l’étoile du pôle vers laquelle tend toujours l’aiguille marine ; c’est par elle que les nochers sont conduits sur mer et qu’ils peuvent connaître où tendent leurs navigations. Chacun sait que les anciens Pères de l’Eglise, les Patriarches et les Prophètes ont tous regardé cette étoile polaire et dressé leur navigation à sa faveur. Ça toujours été le nord de tous les nochers qui ont navigué sur les ondes de la mer de ce misérable monde, pour s’empêcher des naufrages ordinaires des navigations des mondains. La très sacrée Vierge est aussi cette étoile matinière (Cf. Nb., XXIV, 17) qui nous apporte les gracieuses nouvelles de la venue du vrai Soleil (Lc., I, 78). Tous les Prophètes ont su que la Vierge concevrait et enfanterait un enfant (Is., VII, 14) qui serait Dieu et homme tout ensemble ; elle concevrait, mais par la vertu du Saint-Esprit (Lc., I, 35) ; elle concevrait son Fils virginalement et l’enfanterait de même virginalement. Quelle apparence, je vous prie, y a-t-il que Notre-Seigneur dût violer l’intégrité de sa Mère, lui qui ne l’avait choisie sinon parce qu’elle était vierge ? Lui qui était la pureté même eût-il pu diminuer ou entacher la pureté de sa très sainte Mère ? Notre-Seigneur est engendré et produit virginalement de toute éternité du sein de son Père céleste ; car si bien il prend la même divinité de son Père éternel, il ne la divise pourtant pas, mais demeure un même Dieu avec lui. La très sainte Vierge produit son Fils Notre-Seigneur virginalement en terre comme il fut produit de son Père éternellement au Ciel, avec cette différence néanmoins, qu’elle le produit de son sein et non pas dans son sein, car dès qu’il en fut sorti il n’y rentra plus ; mais son Père céleste l’a produit de son sein et en son sein, car il y demeurera éternellement. » IV 100 : Traité de l’Amour de Dieu, livre II, chapitre IV « Or, entre toutes les créatures que cette souveraine toute puissance pouvait produire, elle trouva bon de choisir la même humanité que depuis par effet fut jointe à la Providence de Dieu le Fils, à laquelle elle destina cet honneur incomparable de l’union personnelle à sa divine Majesté, afin qu’éternellement elle jouit par excellence des trésors de sa gloire infinie. Puis, ayant ainsi préféré pour ce bonheur l’humanité sacrée de notre Sauveur, la suprême Providence disposa de ne point retenir sa bonté en la seule Personne de ce Fils Bienaymé, ains de la répandre en sa faveur sur plusieurs autres créatures ; et sur le gros de cette innumérable quantité de choses qu’elle pouvait produire, elle fit choix de créer les hommes et les anges, comme pour tenir compagnie à son Fils, participer à ses grâces et à sa gloire, et l’adorer et louer éternellement. Et parce que Dieu vit qu’il pouvait faire en plusieurs façons l’humanité de son Fils, en le rendant vrai homme, comme par exemple, le créant de rien, non seulement quant à l’âme, mais aussi quant au corps; ou bien formant le corps de quelque matière précédente, comme il fit celui d’Adam et d’Eve, ou bien par voie de génération ordinaire d’homme et de femme, ou bien enfin par génération extraordinaire d’une femme sans homme, il délibéra que la chose se ferait en cette dernière façon, et entre toutes les femmes qu’il pouvait choisir à cette intention, il élut la très sainte Vierge Notre-Dame, par l’entremise de laquelle le Sauveur do nos âmes serait non seulement homme, mais enfant du genre humain. » IV 106 : Traité de l’Amour de Dieu, Livre II, chapitre VII « Ainsi il destina premièrement pour sa très sainte Mère une faveur digne de l'amour d'un Fils qui, étant tout sage, tout puissant et tout bon, se devait préparer une Mère a son gré : et partant, il voulut que sa rédemption lui fut appliquée par manière de remède préservatif, afin que le péché, qui s'écoulait de génération en génération, ne parvint point a elle. De sorte qu'elle fut rachetée si excellemment, qu'encor que par après le torrent de l'iniquité originelle vint rouler ses ondes infortunées sur la conception de cette sacrée Dame, avec autant d'impétuosité comme il eut fait sur celle des autres filles d'Adam, si est-ce qu'étant arrivé la, il ne passa point outre, ains s'arrêta court, comme fit anciennement le Jourdain du tems de Josué (Josué, III, 16,17) et pour le même respect : car ce fleuve retint son cours en révérence du passage de l'Arche de l'alliance, et le péché originel retira ses eaux, révérant et redoutant la présence du vrai Tabernacle de l'éternelle alliance. De cette manière donc, Dieu détourna de sa glorieuse Mère toute captivité (Ps. CXXV), lui donnant le bonheur des deux états de la nature humaine, puisqu'elle eut l'innocence que le premier Adam avait perdue, et jouît excellemment de la rédemption que le second lui acquit ; en suite de quoi, comme un jardin d'élite qui devait porter le fruit de vie, elle fut rendue florissante en toutes sortes de perfections, ce Fils de l'amour éternel ayant ainsi paré sa Mère de robe d'or, recamee en belle variété, afin qu'elle fut la Reine de sa dextre (Ps. XLIV, 10) c'est a dire la première de tous les élus, qui jouiront des délices de la dextre divine (.Ps. XV, II). Si que cette Mère sacrée, comme toute réservée a son Fils, fut par lui rachetée, non seulement de la damnation, mais aussi de tout péril de la damnation, lui assurant la grâce et la perfection de la grâce ; en sorte qu'elle marcha comme une belle aube gui, commençant à Poindre (Cant., VI, 9), va continuellement croissant en clarté jusques au plein jour (Prov., IV, 18).» VIII 28 : Pour la fête de l'Immaculée Conception de la Sainte Vierge, 8 décembre 1608 : « Le grand amour que Notre-Seigneur porte a Notre-Dame et par lequel il se rend tout sien, est cause que Notre-Dame réciproquement est toute sienne, et par conséquent qu'elle n'a peu contracté aucun péché. Sa divine Majesté nous veuille rendre tout siens. Vous voyez que je vais faire un discours tout d'amour, mais que je ne puis faire si le Saint Esprit, amour céleste, ne m'inspire, et que Celle qui par lui a reçuu plus d'amour que nulle créature ne m'en impètre la grâce. » IX 233 : Sermon pour la fête de la Présentation de la Sainte Vierge, 21 novembre 1619 « La Sainte Vierge eut l'usage de raison dès l'instant de sa conception, et au même instant elle vit comme la divine Bonté la préserva du précipice du péché originel, où elle allait tomber si sa main toute puissante ne l'eut retenue. Pour reconnaissance de cette grâce, elle se dédia et consacra dès lors si absolument à son service, que la parole qu'elle donna à la divine Majesté fut irrévocable.» IX 252 : Sermon pour la fête de la Purification, 2 février 1620 « Plus la dignité des personnes qui s'humilient est grande, plus aussi le pacte d'humilité qu'elles font est estimable. O Dieu, quelle grandeur de Notre-Seigneur et de Notre-Dame qui est sa Mère. Que c'est une considération belle, et la plus utile et profitable que nous sussions faire que celle-ci, de l'humilité que le Sauveur a si chèrement aimée ! Il semble qu'elle ait été sa bien aimée et qu'il ne soit descendu du Ciel pour venir en terre que pour l’amour d'elle. C'est la plus grande de toutes les vertus purement morales, car je n'entends pas parler de l'amour de Dieu et de la charité, celle-ci n'étant pas seulement une vertu particulière ains une vertu générale qui se répand sur toutes les autres, et dont elles tirent leur splendeur. Mais quant aux vertus particulières, il n'y en a point de si grande ni de si nécessaire que l'humilité. » X 170 : Pour la fête de la Purification, 2 février 1622 «Hélas ! Quoique ce ne soit pas nous qui ayons péché, néanmoins nous avons tous été entachés de la coulpe de notre premier père Adam, et avons fait notre entrée au monde comme enfants d'ire (Ps., I, 7. Ephes., II, 3), chargés du pesant faix de nos iniquités. Mais ce divin Enfant, chargés du pesant faix de nos iniquités. Mais ce divin Enfant, non plus que sa Mère, n'avait point besoin de purification, car non seulement il n'avait aucun péché, ains ce qui est davantage, il n'en pouvait point avoir ; il était impossible que le péché se trouva en lui, en lui, dis-je, qui était venu pour le détruire ; lui même l'a protesté (Joan., VIII, 46, Rom., VIII, 3 ; II Cor. V, ult). Je ne suis pas, aurait-il peu dire, sujet à la loi de la purification, car je suis rus de Dieu, et partant je n'ay nul péché en moi. Ceci est une vérité infaillible. Or, le Fils n'en étant point souillé, la Mère ne l'était pas non plus ; car bien qu'il ne fut pas impossible que la Vierge n'eut quelque coulpe, et qu'étant née de père et de mère elle en eut peu être entachée comme les autres enfants, néanmoins il n'eut pas été séant que la mère d'un tel Fils eut été souillée du péché originel. Voilà pourquoi par un privilège tout particulier, cette sacrée Vierge fut, par la grâce divine, conçue sans aucun péché (Cf. tom. Praeced. ujus it. p. 252): elle était donc très pure dès sa conception et demeura pure en l'Incarnation, car ayant conçu par l'obombration du Saint Esprit (Lucae, I, 35), elle demeura vierge en son enfantement et après icelui. » IV 106 : De quelques faveurs spéciales exercées en la Rédemption des hommes par la Divine Providence : « Ainsi il destina premièrement pour sa très sainte Mère une faveur digne de l'amour d'un Fils qui, étant tout sage, tout puissant et tout bon, se devait préparer une Mère a son gré : et partant, il voulut que sa rédemption lui fut appliquée par manière de remède préservatif, afin que le péché, qui s'écoulait de génération en génération, ne parvint point a elle. De sorte qu'elle fut rachetée si excellemment, qu'encor que par après le torrent de l'iniquité originelle vint rouler ses ondes infortunées sur la conception de cette sacrée Dame, avec autant d'impétuosité comme il eut fait sur celle des autres filles d'Adam, si est-ce qu'étant arrivé la, il ne passa point outre, ains s'arrêta court, comme fit anciennement le Jourdain du tems de Josué (Josué, III, 16, 17), et pour le même respect : car ce fleuve retint son cours en révérence du passage de l'Arche de l'alliance, et le péché originel retira ses eaux, révérant et redoutant la présence du vrai Tabernacle de l'éternelle alliance. » IV 184 : Que le bonheur de mourir en la Divine charité est un don spécial de Dieu : « En fin le Roy céleste ayant mené l'âme qu'il aime jusques a la fin de cette vie, il l'assiste encor en son bienheureux trépas, par lequel il la tire au lit nuptial de la gloire éternelle, qui est le fruit délicieux de la sainte persévérance. Et alors, cher Theotime, cette âme toute ravie d'amour pour son Bienaymé, se représentant la multitude des faveurs et secours dont il l'a prévenue et assistée tandis qu'elle était en son pèlerinage, elle baise incessamment cette douce main secourable qui l'a conduite, tirée et portée en chemin, et confesse que c'est de ce divin Sauveur qu'elle tient tout son bonheur, puisqu'il a fait pour elle tout ce que le grand patriarche Jacob souhaitait pour son voyage. Alors qu'il eut vu l'échelle du ciel (Gen., XXVIII, 20, 21). O Seigneur, dit elle donc alors, vous avez été avec moi et m'aves gardée et la voit par laquelle je suis venue, vous m'avez donné le pain de vos Sacrements pour ma nourriture, vous m'avez revêtue de la robe nuptiale de charité, vous m'avez heureusement amenée en ce séjour de gloire qui est votre maison, o mon Père éternel. Hé, que reste-il. Seigneur, sinon que je proteste que vous estes mon Dieu es siècles des siècles ! Amen. » IV 106 : Traité de l’Amour de Dieu, Livre II, Chapitre VII « Ainsi il destina premièrement pour sa très sainte Mère une faveur digne de l'amour d'un Fils qui, étant tout sage, tout puissant et tout bon, se devait préparer une Mère a son gré : et partant, il voulut que sa rédemption lui fut appliquée par manière de remède préservatif, afin que le péché, qui s'écoulait de génération en génération, ne parvint point à elle. De sorte qu'elle fut rachetée si excellemment, qu'encor que par après le torrent de l'iniquité originelle vint rouler ses ondes infortunées sur la conception de cette sacrée Dame, avec autant d'impétuosité comme il eut fait sur celle des autres filles d'Adam, si est-ce qu'étant arrivé la, il ne passa point outre, ains s'arrêta court, comme fit anciennement le Jourdain du tems de Josué (Josué III, 16-17) et pour le même respect : car ce fleuve retint son cours en révérence du passage de l'Arche de l'alliance, et le péché originel retira ses eaux, révérant et redoutant la présence du vrai Tabernacle de l'éternelle alliance. IV 191 : De l’incomparable amour de la Mère de Dieu Notre-Dame : « Mais en tout et par tout, quand je fais des comparaisons, je n'entends point parler de la très sainte Vierge Mère, Notre-Dame. O Dieu, nenny, car elle est la fille d'incomparable dilection, la toute unique colombe, la toute parfaite Epouse (Cant. VI, 8). De cette Reine céleste, je prononce de tout mon cœur cette amoureuse mais véritable pensée : qu'au moins sur la fin de ses jours mortels sa charité surpassa celle des Séraphins ; car si plusieurs filles ont assemblé des richesses, celle ci les a toutes surpassées (Prov. XXXVI, 29). » VIII 145 : Pour la Nativité de la Sainte Vierge, 8 septembre 1614 « Ou, si vous voulez, ce char est la Bienheureuse Vierge; il est composé du bois de la blancheur et de l'incorruptibilité ; virginité insigne, virginité des virginités. La partie inférieure du dossier, humilité amoureuse : Parce qu'il a regardé l’humilité de sa servante. Le dôme, le dais, le ciel, le pavillon : amour humble, tout teint du sang du Christ. Les colonnes d'argent, les sept dons du Saint-Esprit: la sagesse, qui lui a fait savourer les choses divines et rejeter avec dégout les biens de la terre ; l'intelligence, par laquelle elle a pénétré les mystères; le conseil, grâce auquel elle a suivi toutes les voies de la perfection; la force, au milieu de tant d'adversités ; la science, pour régler ses rapports avec le prochain dans la pratique de toutes les vertus morales; la piété, dans son immense amour envers son Fils, et la crainte et révérence pour le Seigneur. Tous ces dons reposent sur l'or d'une humilité amoureuse (l'or est de tous les métaux le plus lourd et le plus précieux), et sur eux est fondée la vraie charité, pourpre du roi et robe nuptiale. Au milieu, considérez donc le Christ, notre amour. Ainsi cette litière est digne de porter Salomon. Mais quels sont les chevaux qui traînent ce char? Ils sont représentés par quatre classes d'hommes: les Patriarches, comme Abraham, Isaac, Jacob, Juda ; les Rois, les Prophètes et les Prêtres. Quel est le conducteur? Eh! N’est-ce pas notre Joseph? » VIII 28 : sermon pour la fête de l’Immaculée Conception, 8 décembre 1608 : « Le grand amour que Notre-Seigneur porte a Notre-Dame et par lequel il se rend tout sien, est cause que Notre-Dame réciproquement est toute sienne, et par conséquent qu'elle n'a peu contracté aucun péché. Sa divine Majesté nous veuille rendre tout siens. Vous voyez que je vais faire un discours tout d'amour, mais que je ne puis faire si le Saint Esprit, amour céleste, ne m'inspire, et que Celle qui par lui a reçu plus d'amour que nulle créature ne m'en impètre la grâce. » IV 192 : De l’incomparable amour de la Mère de Dieu Notre-Dame : « Elle n'eut donc point de vicissitude ni de retardement au progrès de son amour, ains monta d'amour en amour par un perpétuel avancement. Elle ne sentit onques aucune contradiction de l'appétit sensuel ; et partant, son amour, comme un vrai Salomon, régna paisiblement en son âme et y fit tous ses exercices à souhait. La virginité de son cœur et de son cors fut plus digne et plus honorable que celle des Anges ; c'est pourquoi son esprit, non divisé ni partagé, comme saint Paul parle (I Cor., VII, 32-34), était tout occupé a penser aux choses divines, comme elle plairait a son Dieu. Et en fin, l'amourmaternel, le plus pressant, le plus actif, le plus ardent de tous, amour infatigable et insatiable, que ne devait-il pas faire dans le cœur d'une telle Mère et pour le cœur d'un tel Fils ? » IV 192 : De l’incomparable amour de la Mère de Dieu Notre-Dame : « Elle n'eut donc point de vicissitude ni de retardement au progrès de son amour, ains monta d'amour en amour par un perpétuel avancement. Elle ne sentit onques aucune contradiction de l'appétit sensuel ; et partant, son amour, comme un vrai Salomon, régna paisiblement en son âme et y fit tous ses exercices à souhait. La virginité de son cœur et de son cors fut plus digne et plus honorable que celle des Anges ; c'est pourquoi son esprit, non divisé ni partagé, comme saint Paul parle (I Cor., VII, 32-34), était tout occupé a penser aux choses divines, comme elle plairait a son Dieu. Et en fin, l'amourmaternel, le plus pressant, le plus actif, le plus ardent de tous, amour infatigable et insatiable, que ne devait-il pas faire dans le cœur d'une telle Mère et pour le cœur d'un tel Fils ? » VIE INTÉRIEURE IX 234 : Sermon pour la fête de la Présentation de la Sainte Vierge, 21 novembre 1619 : « Elle venait avec un cœur nonpareil se donner à Dieu sans réserve, et semble que si elle eut osé, elle eut dit volontiers aux bonnes dames qui élevaient ces filles qu'on dédiait au Seigneur dans le Temple : Me voici entre vos mains comme une boule de cire, faites de moi tout ce que vous voudrez, je ne ferai nulle résistance. Aussi était-elle si maniable et soumise qu'elle se laissait tourner à toute main sans jamais témoigner nulle volonté de ceci ou de cela, se rendant tellement condescendante qu'elle ravissait en admiration. » IX 238 : Sermon pour la fête de la Présentation de la Sainte Vierge, 21 novembre 1619 : « Je ne puis passer au troisième privilège de la glorieuse Vierge. Ajoutons néanmoins encore ce mot, qui est qu'elle fut obéissante à la divine Majesté, non seulement à ses commandements, ains à ses volontés et à ses inspirations ; et c'est en quoi il faut que nous prenions garde, mes chères âmes, de l'imiter au plus près qu'il nous sera possible. Ce que je dis parce qu'il s'en trouve fort peu qui le fassent fidèlement, et beaucoup qui protestent le vouloir faire. Obéir à la volonté de Dieu c'est obéir à sa parole. » X 51 : Sermon pour l’Annonciation, 25 mars 1621 « La pureté et virginité de Notre-Dame eut cette excellence, ce privilège et cette suréminence au-dessus de celle des Anges, que ce fut une virginité féconde. Celle des Anges est stérile et ne peut avoir de fécondité ; celle de notre glorieuse Maîtresse, au contraire, a été non seulement féconde en ce qu'elle nous a produit ce doux fruit de vie, Notre-Seigneur et Maître, mais en second lieu, en ce qu’elle a engendré plusieurs vierges. C’est à son imitation, comme nous l’avons dit, que les vierges ont voué leur chasteté ; mais la virginité de cette divine Mère a encore cette propriété de rétablir et réparer celle-même qui aurait été souillée et tachée en quelque temps de leur vie. L’Ecriture Sainte témoigne que du temps qu’elle vivait elle appela déjà une grande quantité de vierges, si que plusieurs l’accompagnaient par tout où elle allait : sainte Marthe, sainte Marcelle, les Marie et tant d’autres. Mais en particulier, n’est ce point par son moyen et par son exemple que sainte Madeleine, qui était comme un chaudron noirci de mille sortes d’immondicités et le réceptacle de l’immondicité même, fut par après enrôlée sous l’étendard de la pureté de Notre-Dame, étant convertie en une fiole de cristal toute resplendissante et transparente, capable de recevoir et retenir les plus précieuses liqueurs et les eaux plus salutaires ? Si l'on ne prend garde, l'esprit mondain monte dans la chaire sacrée, s'y répand en louanges mensongères indignes du lieu saint, et la flatterie des cours prend la place de la parole de vérité. » X 55 : Sermon pour l’Annonciation, 25 mars 1621 « La très sainte Vierge fut tirée seule et la première par le céleste Epoux pour se consacrer et se dédier totalement à son service, car elle fut la première qui consacra son corps et son âme par le vœu de virginité à Dieu ; mais soudain qu'elle fut tirée elle tira quantité d'âmes, qui lui ont fait offre d'elles mêmes pour marcher sous ses auspices sacrés en l'observance d'une parfaite et inviolable virginité et chasteté; si que depuis qu'elle a tracé le chemin, il a toujours été couvert et chargé d'âmes qui se sont venues consacrer par les vœux au service de la divine Majesté. Ames tres chères, lesquelles la glorieuse Vierge regardait quand elle disait : Nous courrons, assurant son Bien-aimé que plusieurs suivraient son étendard pour batailler sous son autorité contre toutes sortes d'ennemispour la gloire de son nom (Ps 78,9). O quel honneur pour nous autres de pouvoir batailler sous cette vaillante Capitainesse ! Mais le sexe féminin semble avoir une obligation particulière à suivre cette vaillante guerrière qui l'a infiniment rehaussé et honoré (serm3 p.161). Oh ! Si la Mère de Dieu eut été de la nature angélique, combien les Chérubins et les Séraphins s'en glorifieraient et tiendraient honorés ! Notre-Dame est bien aussi l'honneur, le prototype et le patron des hommes et des femmes qui vivent vertueusement, et des veuves ; mais pourtant nul ne peut nier que les filles n'aient une certaine alliance avec elle plus particulière que non pas le reste des hommes, parce que cette ressemblance de la virginité, qui est du sexe et de la condition, y apporte une grande capacité et un grand avantage pour s'en approcher de plus pres.» XIV 19 : Lettre CDLIV, à mademoiselle de Chastel, mai 1608 « Considérez combien cette vertu est noble, qui tient nos âmes blanches comme le lys, pures comme le soleil ; qui rend nos cors consacrés et nous donne la commodité d'être tout entièrement a sa divine Majesté, cœur, cors, esprit et sentiments. N'est ce pas un grand contentement de pouvoir dire à Notre-Seigneur : Mon cœur et ma chair tressaillent de joie en votre Bonté (Ps 83,3), pour l'amour de laquelle je quitte tout amour et pour le plaisir de laquelle je renonce a tous autres plaisirs ? Quel bonheur de n'avoir point réservé de délices mondaines pour ce cors, affin de donner plus entièrement son cœur a son Dieu ! Puis, le jour de Pentecôte, lors que le prêtre enlèvera la sainte Hostie, offrez avec lui à Dieu, le Père eternel, le corps précieux de son cher Enfant, Jésus, et tout ensemble votre cors, lequel vous ferez vœu de conserver en chasteté tous les jours de votre vie. La forme de faire ce vœu pourrait être telle :. » PRÉSENTATION AU TEMPLE IX 125 : Sermon pour la Présentation de la Sainte Vierge, 31 novembre 1617 « La sainte Eglise célèbre aujourd’hui la fête de la Présentation de Notre-Dame au Temple. Je peux bien dire de cette solennité ce qui est écrit (III Reg., X, 1, 2) de la reine de Salba allant visiter Salomon. Ainsi que l'on ne vit jamais tant de parfums dans la ville de Jérusalem comme elle y en porta quant et soi pour offrir à ce grand roi de même, jamais tant de parfums et tant de baume ne furent présentes à Dieu en son Temple comme la très sainte Vierge en porte aujourd’hui avec elle ; jamais aussi la divine Majesté n'avait jusques alors reçu un si excellent et tant agréable présent comme celui des bien heureux saint Joacbim et sainte Anne. » ANNONCIATION X 14 : Sermon pour le II dimanche après l’Epiphanie, 17 janvier 1621 « Quant à ces paroles : Mon heure n'est pas encore venue, quelques-uns ont pensé que Noster Seigneur entendait que le vin n'était pas encore failli. Il y a plusieurs autres interprétations et sentiments des saints Peres sur ce sujet, mais je ne veux pas m'y arrêter. Il est vrai qu'il y a des heures ordonnées de la divine Providence desquelles dépend tout notre bien et conversion. Il est vrai aussi que Dieu avait déterminé de toute éternité l'heure et l'instant de faire deux grands miracles : celui de l'Incarnation et celui de donner au monde le premier signe pour la manifestation de sa gloire ; mais c'était d'une façon générale et non point en sorte qu'étant prié il ne peut avancer cette heure. Je veux rapporter un exemple pour me faire mieux entendre. Voila Rebecca et Isaac qui désiraient tous deux des enfants ; mais le malheur étroit que Rebecca étant stérile n'en pouvait naturellement avoir. Cependant, Dieu avait vu de toute éternité que Rebecca concevrait et aurait des enfants, mais avec cette condition qu'elle les obtiendrait par ses prières ; et si elle n'eut prié avec son mari Isaac elle n'eut point conçu. Voyant donc qu'ils ne pouvaient avoir des enfants à cause de sa stérilité, elle et son mary s'enfermèrent en une chambre et prièrent si fervemment que Dieu les ouït, les exauça, et Rebecca devint grosse de deux jumeaux, Esaü et Jacob (Gn 25,21). Ainsi, les soupirs d'amour de Notre-Dame, comme disent les anciens Docteurs (S.Bonav in 3 Sent Dist 4, 2,1 ; Suares in S.Thom IIIa 2, 10,6), avancèrent l'Incarnation de Notre-Seigneur. Ce n'est pas pour cela qu'il s'incarnat devant le temps qu'il avait pre-ordonné, non ; mais en son éternité il avait vu que la Sainte Vierge le conjurerait de hâter le moment de sa venue au monde, et que l'exauçant, il s'incarnerait plutôt qu'il n'eut fait si elle n'eut prié. Il en est tout de même de ce premier miracle que Noster Seigneur a fait aujourd’hui aux noces de Cana en Galilée. Mon heure n'est pas encore venue, dit-il à sa sainte Mère, mais puisque je ne vous puis rien refuser, j'avancerai cette heure pour faire ce que vous me demandez. Il avait donc vu de toute éternité qu'il la devait devancer à la faveur des prières de Notre-Dame. 0 que bienheureuse est l'heure de la divine Providence en laquelle Dieu a voulu nous départir tant de grâces et de biens ! 0 que bienheureuse est l'âme qui attendra avec patience et qui se préparera pour correspondre avec fidélités à icelle quand elle arrivera ! Certes, ce fut l'heure de la Providence divine celle en laquelle la Samaritaine se convertit. C'est aussi de cette heure que dépend notre conversion et transmutation, et l'on doit avoir un grand soin de s'y bien disposer, à fin que Notre-Seigneur venant, nous puissions être prêts à bien correspondre à sa grâce. » VI 77 : Les vrais entretiens spirituels, De la Générosité « L'humilité ne gît pas seulement à nous défier de nous-mêmes, ains aussi à nous confier en Dieu ; et la défiance de nous-mêmes et de nos propres forces produit la confiance en Dieu, et de cette confiance nait la générosité d'esprit de laquelle nous parlons. La très sainte Vierge Notre-Dame nous fournit à ce sujet un exemple très remarquable lors qu'elle prononça ces mots : Voici la servante du Seigneur, me soit fait selon ta parole; car en ce qu'elle dit qu'elle est servante du Seigneur, elle fait un acte d'humilité, le plus grand qui se peut faire, d'autant qu'elle oppose aux louanges que l'Ange lui donne, qu'elle sera Mère de Dieu, que l'enfant qui sortira de ses entrailles il sera appelle le Fils du Très-Haut, dignité la plus grande que l'on eut peu jamais imaginer. » VI 38 : Les vrais entretiens spirituels, Préface « Ainsi, quelles que soient les tentations auxquelles elle est en butte, quels que soient les orages que soulèvent ses inclinations perverses, l'âme formée à l'école de saint François de Sales restera calme, sereine, inébranlable. Sans prétendre à une paix qui ne peut se rencontrer sur la terre, elle continue sa marche vers le Ciel, malgré les résistances qu'elle rencontre dans la corruption de la nature, ou plutôt ces résistances mêmes accélèrent sa course et préparent son triomphe. Telle est la source d'une vertu si chère à notre Saint, qu'il lui semble ne pouvoir trouver d'épithète assez expressive pour la qualifier: c'est la « très sainte, tant aimable et désirable égalité d'esprit... vertu la plus nécessaire et particulière de la Religion » L'excellence de cette vertu est si haute, sa possession si difficile que, tout en la recommandant avec insistance il ajoute: Nous n'en jouirons point absolument tandis que nous serons en cette vie, cette grâce étant réservée aux esprits bienheureux là haut au Ciel. » VISITATION IV 277 : Traité de l’Amour de Dieu, Livre V, Chapitre VI « C'est encor une sorte de bienveuillance envers Dieu, quand, considérant que nous ne pouvons l'agrandir en lui même, nous désirons de l'agrandir en nous, c'est a dire de rendre de plus en plus et tous-jours plus grande la complaisance que nous avons en sa bonté. Et alors, mon Theotime, nous ne désirons pas la complaisance pour le plaisir qu'elle nous donne, mais parce seulement que ce plaisir est en Dieu : car, comme nous ne désirons pas la condoléance pour la douleur qu'elle met en nos cœurs, mais parce que cette douleur nous unit et associe a notre Bienaymé douloureux, ainsi n'aimons-nous pas la complaisance parce qu'elle nous rend du plaisir, mais d'autant que ce plaisir se prend en l'union du plaisir et bien qui est en Dieu ; auquel pour nous unir davantage, nous voudrions nous complaire d'une complaisance infiniment plus grande, à l'imitation de la très sainte Reine et Mère d'amour, de laquelle l’âme sacrée magnifiait et agrandissait perpétuellement Dieu ; et afin que l'on sut que cet agrandissement se faisait par la complaisance qu'elle avait en la divine Bonté, elle déclare que son esprit avait tressailli de contentement en Dieu son Sauveur. » NATIVITÉ A BETHLÉEM IX 179 : Sermon pour la fête de l'Assomption de la Sainte Vierge, 15 août 1618 « Mais voyons un peu, je vous prie, comme elle pratiqua merveilleusement bien l'exercice de Marie. Le saint Evangile fait une particulière mention du silence de Notre-Dame (Lc II, 51). Marie se taisait et se tenait aux pieds de son Maître, elle n'avait qu'un soin qui était de posséder sa présence; de même il semble que notre digne Maîtresse n'eut que ce soin. La voyez-vous là, dans la ville de Bethléem, où l'on fit tout ce qu'on peut pour lui trouver un logis ? Il ne s’en trouve point, elle ne dit mot. Elle entre dans l'étable, elle produit et enfante son Fils bien aimé, elle le couche dans la crèche (Lc II,7). Les Rois le viennent adorer, et l'on peut penser quelles louanges ils donnèrent 'à l'Enfant et à la Mère ; elle ne dit pas un mot. Elle le porte en Egypte, elle le rapporte sans parler pour exprimer la douleur qu'elle a de l'y porter, ni la joie qu'elle devait avoir de l'en rapporter. Mais ce qui est plus admirable, voyez la sur le mont de Calvaire (Jn XIX, 25-27) : ni elle ne jette des élans, ni elle ne dit un seul mot; elle est aux pieds de son Fils, et c'est cela seul qu'elle désire. Partant, elle est comme en une parfaite indifférence : Arrive tout ce qui pourra, semble‑t‑elle dire, pourvu que je sois toujours auprès de lui et que je le possède, je suis contente puisque je ne veux et ne cherche que lui. » FUITE EN EGYPTE VI 44 : Les vrais entretiens spirituels, Préface « Et pour proposer le modèle le plus parfait, le plus divin qui se puisse trouver d'une sainteté consommée dans une vie commune en apparence, il offre souvent à la contemplation de ses filles la sainte Famille de Nazareth: c'est l'humilité, le silence de la très sainte Vierge, l'obéissance, l'égalité d'âme, l'abnégation de saint Joseph qu'il recommande à leur imitation. Le Père putatif du Sauveur est, d'après lui, le « vrai Religieux » par excellence. Notre Docteur se plaît à parler de ses vertus, à célébrer ses louanges à une époque où son culte était encore si peu répandu. Enfin, devançant une opinion assez généralement admise de nos jours, il ne craint pas d'enseigner que ce glorieux Patriarche triomphe en corps et en âme dans le Ciel. » PERTE DE JÉSUS A JÉRUSALEM IV 280 : Comme le désir d’exalter et magnifier Dieu, nous sépare des plaisirs inférieurs et nous rend attentif aux perfections divines « Or, pour encor mieux magnifier ce souverain Bien-aimé, l'âme va toujours cherchant la face d'icelui c'est a dire, avec une attention tous-jours plus soigneuse et ardente, elle va remarquant toutes les particularités des beautés et perfections qui sont en lui, faisant un progrès continuel en cette douce recherche de motifs qui la puissent perpétuellement presser de se plaire de plus en plus en l'incompréhensible bonté qu'elle aime. Ainsi David cotte par le menu les œuvres et merveilles de Dieu, en plusieurs de ses Psalmes célestes ; et l'amante sacrée arrange es Cantiques divins, commune armée bien ordonnée, toutes les perfections de son Epoux l'une après l'autre, pour provoquer son âme à la très sainte complaisance, affin de magnifier plus hautement son excellence et d'assujettir encore tous les autres esprits a l'amour de son Ami tant aimable. » Au CALVAIRE V 52 : Que la sacrée Vierge, Mère de Dieu mourut d’amour pour son Fils « De même, Theotime, la Vierge Mère ayant assemblé en son esprit, par une très vive et continuelle mémoire, tous les plus aimables mystères de la vie et mort de son Fils, et recevant tous-jours a droit fil parmi cela les plus ardentes inspirations que son Fils, Soleil de justice, jeta sur les humains au plus fort du midi de sa charité, puis d'ailleurs faisant aussi de son coté un perpétuel mouvement de contemplation, en fin le feu sacré de ce divin amour la consuma toute, comme un holocauste de suavité ; de sorte qu'elle en mourut, son âme étant toute ravie et transportée entre les bras de la dilection de son Fils. O mort amoureusement vitale, o amour vitalement mortel ! Plusieurs amans sacrés furent présents a la mort du Sauveur ; entre lesquels, ceux qui eurent le plus d'amour eurent le plus de douleur, car l'amour alors était tout détrempé en la douleur et la douleur en l'amour, et tous ceux qui pour leur Sauveur étaient passionnés d'amour furent amoureux de sa Passion et douleur. Mais la douce Mère, qui aimait plus que tous, fut plus que tous outre percée du glaive de douleur : la douleur du Fils fut alors une épée tranchante qui passa à travers du cœur de la Mère, d'autant que ce cœur de mère était collé, joint et uni a son Fils d'une union si parfaite, que rien ne pouvait blesser l'un qu'il ne navra aussi vivement l'autre. Or cette poitrine maternelle étant ainsi blessée d'amour, non seulement ne chercha pas la guérison de sa blessure, mais aima sa blessure plus que toute guérison, gardant chèrement les traits de douleur qu'elle avait reçu, a cause de l'amour qui les avait décochés dans son cœur, et désirant continuellement d'en mourir, puisque son Fils en était mort, qui, comme dit toute l'Ecriture Sainte et tous les docteurs, mourut entre les flammes de la charité, holocauste parfait pour tous les péchés du monde. » IX 180 : Fête de l’Assomption, 15 août 1618 « Remarquez, je vous prie, que Notre-Seigneur reprend Marthe parce qu'elle s'empresse, et non pas de ce qu'elle a du soin. Notre-Dame avait un grand soin pour le service de notre divin Maistre, mais un soin sans trouble et sans empressement. Les Saints qui sont au Ciel ont du soin pour glorifier et louer Dieu, mais sans inquiétude, car il n'y en peut avoir. Les Anges ont soin de notre salut, et Dieu même a soin de ses créatures, mais avec paix et tranquillité. Or, nous autres sommes si misérables, que rarement avons-nous du soin sans empressement et sans trouble. Vous verrez bien souvent un homme qui aura une grande affection de prêcher ; défendez-lui la prédication, le voila troublé. Un autre qui voudra visiter et consoler les malades ne le fera pas sans s'empresser, et même s'inquiéter s'il est empêché de le faire. Un autre qui aura grande affection à l'oraison mentale, si bien il semble que ceci ne regarde que l'esprit, il ne lairra pas de s'empresser et d'en être troublé si on l'en retire pour l'occuper à quelqu'autre chose. » IX 276 : Pour le Vendredi Saint, 17 avril 1620 « Cependant il lui restait encore quelque légat à faire en son divin testament. Et quoi, me direz-vous, qu'y a-t-il autre chose ? Quoi, mes chers Sœurs ? Il y a une certaine délicatesse spirituelle dont il devait faire présent à ses plus chers amis, délicatesse qui n'est autre qu'un moyen très singulier pour conserver la grâce acquise et pour parvenir au plus haut degré de gloire. Regardant donc de ses yeux pleins de compassion sa très bénite Mère qui était debout au pied de la croix avec son bien aimé disciple, il ne lui voulut pas donner la grâce ou la demander pour elle, car elle la possédait déjà fort excellemment, ni moins lui promettre la gloire, car elle en était toute assurée ; mais il lui donna une certaine union de cœur et amour tendre pour le prochain, cet amour des uns pour les autres qui est un don des plus grands que sa bonté fasse aux hommes. » X 38 1 : Pour le Vendredi Saint, 25 mars 1622 « Il se réjouit aussi de laisser en mourant, comme gage de son amour, la Vierge sacrée pour mère à saint Jean, et à sa sainte Mère, le Disciple de son cœur pour fils. Les hommes voulant bien favoriser leurs enfants ou héritiers, leur disent avant de trépasser : Allez-vous-en en un tel buffet, vous trouverez là tant de mille écus. Et les mères se glorifient de dire à leurs filles en ces derniers abois : Allez-vous-en en un tel coffre, vous trouverez encore toute neuve la robe avec laquelle je fus épousée, vous y trouverez mes chaines et mes bagues que je vous ay conservées, et telles autres bagatelles. O folie et niaiserie que celle ci ! Et toutefois elles font gloire en mourant, de pouvoir léguer telles choses. Mais notre cher Sauveur ne laissa rien de tout cela à saint Jean et à sa Mère, ains leur laissa un trésor plus grand que tout cela. » ASSOMPTION V 50 : Traité de l’Amour de Dieu, Livre VII. Chapitre XIII « Quand le Sauveur était encor petit enfant, le grand Joseph son Père nourricier, et la très glorieuse Vierge sa Mère, l'avaient porté mainte fois, et spécialement au passage qu'ils firent de Judée en Egypte et d'Egypte en Judée : hé, qui doutera donc que ce saint Père, parvenu à la fin de ses jours, n'ait réciproquement été porté par son divin Nourrisson au passage de ce monde en l'autre, dans le sein d'Abraham, pour de la le transporter dans le sien, a la gloire, le jour de son Ascension ? Un Saint qui avait tant aimé en sa vie ne pouvait mourir que d'amour ; car son âme ne pouvant a souhait aimer son cher Jésus entre les distractions de cette vie, et ayant achevé le service qui était requis au bas âge d'icelui, que restait-il sinon qu'il dit au Père éternel : O Père, j'ai accompli l'œuvre que vous m'aviez donnée en charge; et puis au Fils: O mon Enfant, comme votre Père céleste remit votre corps entre mes mains au jour de votre venue en ce monde, ainsi en ce jour de mon départ de ce monde je remets mon esprit entre les vôtres.» IX 184 : Pour la fête de l’Assomption, 15 août 1618 « Mais avec quel triomphe, mais avec quelle magnificence croyez-vous qu'elle fut accueillie de son Fils bien aimé en contre change de l'amour avec lequel elle l'avoat reçu venant en terre? Il faut bien croire qu'il ne fut pas méconnaissant, ains qu'il la récompensa d'un degré de gloire d'autant plus grand au dessus de tous les Esprits bienheureux, que ses mérites surpassaient ceux de tous les Saints ensemble. Le grand Apôtre saint Paul, parlant de la gloire du Fils de Dieu Notre-Seigneur, fait un argument par lequel on peut bien entendre le haut degré de celle de sa très sainte Mère. Il dit que Jésus Christ a été élevé d'autant plus haut au dessus de tous les Chérubins et autres Esprits angéliques que son nom est relevé par dessus tous les autres noms. Il est écrit des Anges : Vous estes mes serviteurs et mes messagers ; mais auquel de ceux ci a-t-il été dit : Vous estes mon Fils, je vous ay engendré ? De même en pouvons-nous dire de la très sainte Vierge qui est le parangon de tout ce qui est de beau au Ciel et en la terre : A laquelle a-t-on dit : Vous estes Mère du Tout-Puissant et du Fils de Dieu, sinon à elle ? Vous pouvez donc bien penser qu'elle fut eslevée au dessus de tout ce qui n'est point Dieu. » IV 292 : Comme Nous Pratiquons l’Amour de bienveillance es louanges que Notre Rédempteur et sa Mère donnent à Dieu « Nous allons donc montant en ce saint exercice, de degré en degré, par les créatures que nous invitons à louer Dieu, passant des insensibles aux raisonnables et intellectuelles, et de l'Eglise militante a la triomphante, en laquelle nous nous relevons entre les Anges et les Saints jusques à ce que, au dessus de tous, nous ayons rencontré la très sainte Vierge, laquelle d'un air incomparable loue et magnifie la Divinité, plus hautement, plus saintement et plus délicieusement que tout le reste des créatures ensemble ne saurait jamais faire. Etant il y a deux ans à Milan, où la vénération des récentes mémoires du grand Archevêque saint Charles m'avait attiré avec quelques uns de nos ecclésiastiques, nous ouïsmes en diverses églises plusieurs sortes de musiques ; mais en un monastère de filles, nous ouïsmes une religieuse de laquelle la voix était si admirablement délicieuse, qu'elle seule répandait incomparablement plus de suavité dans nos esprits que ne fit tout le reste ensemble, qui, quoi qu'excellent, semblait néanmoins n'être fait que pour donner lustre et rehausser la perfection et l'éclat de cette voix unique. Ainsi, Theotime, entre tous les chœurs des hommes et tous les chœurs des Anges, on entend cette voix hautaine de la très sainte Vierge, qui, relevée au dessus de tout, rend plus de louange a Dieu que tout le reste des créatures ; aussi le Roy céleste la convie tout particulièrement à chanter : Monstre-moi ta face, dit-il (Cant., II, 14) O ma Bienaimée, que ta voix sonne a mes oreilles ; car ta voix est toute douce, et ta face toute belle. MARIE PAR RAPPORT A NOUS VIII 113 : Pour la fête de la Purification, 2 février 1613 « L’orgueil est le commencement de tout péché. Tobie à son fils : Ne laisse jamais l'orgueil dominer dans ton esprit ou dans ta parole, car c’est par lui que toute perdition a pris commencement. De même que par la désobéissance d'un seul homme beaucoup ont été constitués pécheurs, de même aussi par l'obéissance d'un seul homme beaucoup sont justifiés. Les Pères donnent, relativement au péché du premier homme et de la première femme, de très beaux enseignements que nous devons considérer. En conséquence, je puis commencer mon discours par les contrastes que toute l'antiquité a remarqués entre Marie et Eve. Voyons donc comment Eve a péché. Dire l'histoire. Adam et Eve avaient été créés en grâce et jouissaient d'une félicité parfaite ; et voilà que le démon, l’antique serpent, voulut les ruiner. S'attaquant donc à la femme, comme étant la plus faible : Pourquoi Dieu vous a-t-il commandé, dit-il, de ne pas manger du fruit de tous les arbres du paradis? De tous, c’est-à-dire, pourquoi vous a-t-il commandé de n'en manger aucun; c'est l'opinion commune. Ou bien, de ne pas manger de tous, c'est-à-dire non pas de tous et de chacun; mais en a-t-il excepté les fruits de l'arbre de la science du bien et du mal? » IX 29 : Pour le II dimanche de Carême, 23 février 1614 « Il faut monter sur la montagne de Thabor pour y être consolé, direz-vous, car cela pousse et fait avancer les âmes faibles qui n'ont pas le courage de faire le bien sans y sentir de la satisfaction. Ha certes, pardonnez moi, la vraie perfection ne s'acquiert point émis la consolation. Hé, ne le voyez-vous pas en notre mystère d'aujourd’hui ? Ces trois Apôtres ayants vu la gloire de Notre-Seigneur ne laissèrent par après de le quitter en sa Passion, et saint Pierre qui avait parlé toujours plus hardiment, commit néanmoins un très grand péché reniant son Maistre. On descend de la montagne de Thabor pécheur, mais au contraire on descend de celle de Calvaire justifié ; cela s'entend quand on .s'y tient ferme au pied de la Croix comme Notre-Dame, qui est le parangon de tout ce qui est de beau et d'excellent au Ciel et en la terre. Saint Jean y demeura ferme aux pieds de son Maistre, et jamais plus on ne trouve qu'il commit des péchés. L'on est véritablement fort en crainte émis la consolation, car on ne sait si on aime les consolations de Dieu, ou bien le Dieu des consolations ; mais en l'affliction il n'y a rien à craindre, pourvu qu'on soit fidèle, d'autant qu'il n'y a rien de délectable. Voila donc quant à la seconde considération. » IX 341 : Pour la fête de saint Nicolas de Tolentin, 10 septembre 1620 « Notre doux Seigneur et Sauveur est le chef, le défenseur et capitaine non seulement de cette armée ains encore de chaque combattant. Or, bien que le Père éternel Taye constitué et déclaré gouverneur d'icelle et qu’il en soit unique et souverain Capitaine, si est-ce qu'il s’est trouvé tant de douceur et clémence dans le cœur de notre cher Maistre qu'il a voulu que d'autres participassent à la gloire d'être chefs de cette milice, mais sur tout la sacrée Vierge, laquelle en a été comme la capitainesse principalement du sexe féminin, quoi que Notre-Seigneur ne laisse pas pour cela d'en être Maistre et gouverneur absolu, et d'une façon souveraine. L’hors que Dieu créa Adam il le fit père de tout le genre humain, des hommes et des femmes également ; néanmoins il créa la femme, que nous appelions notre mère Eve, qui est comme la capitainesse du .sexe féminin. Ce n’est pas pour cela qu'Adam ne soit le chef absolu des deux sexes; oh non, mais Eve participe en quelque façon à la gloire qu'il en reçoit. » DIVERS SUJETS IV 192 : Traité de l’Amour de Dieu ; Livre III, chapitre VIII « Hé, n'allégués pas, je vous prie, que cette sainte Vierge fut néanmoins sujette au dormir ; non, ne me dites pas cela, Theotime, car ne voyez-vous pas que son sommeil est un sommeil d'amour, de sorte que son Epoux même veut qu'on la laisse dormir tant qu'il lui plaira? Ah, gardés bien, je vous en conjure, dit-il, d'éveiller ma Bien-aimée jusques à ce qu'elle le veuille. Oui, Theotime, cette Reine céleste ne s'endormait jamais que d'amour, puisqu'elle ne donnait aucun repos à son précieux corps que pour le revigorer, afin qu'il servit mieux son Dieu par après ; acte, certes, très excellent de charité, car, comme dit le grand saint Augustin, elle nous « oblige d'aimer nos corps convenablement, » entant qu'ils sont requis aux bonnes œuvres, qu'ils sont une partie de notre personne et qu'ils seront participants de la félicité éternelle. » VII 240 : Sermon sur la Salutation Angélique, 1595 « Toute l'ancienne Eglise, par tous les lieux du monde, en un parfait consentement d'esprits, avait toujours salué la Mère de Dieu de ceste façon angélique : Ave Maria, gratia plena. Et nos plus proches devanciers, suivant le sacré ton de leurs aïeuls en une dévotieuse harmonie, chantaient a tous coups, en tous lieux Ave Maria, pensant se rendre très agréables au Roy céleste, honorant reveremment sa Mère, et ne sachant ou rencontrer manière plus propre pour l'honorer qu'en imitant les honneurs et respects que Dieu même lui avait décrété et accommodé selon son bon plaisir, pour l'en faire honorer, le jour que sa divine Majesté voulut tant honorer en ceste Vierge tout le reste des hommes, que de se faire homme lui même. O sainte Salutation, o louanges bien authentiques, o riches et discrets honneurs ! Le grand Dieu les a dictés, un grand Ange les a prononcés, un grand Evangéliste les a enregistrés, toute l'antiquité les a pratiqués, nos aïeuls nous les ont enseignés. » Viva Maria ! Quelques textes de Saint François de Sales Traité de l’Amour de Dieu. Livre II, c. 6 : De quelques faveurs spéciales exercées en la Rédemption des hommes par la divine Providence. « Dieu, certes, montre admirablement la richesse incompréhensible de son pouvoir, en cette si grande variété de choses que nous voyons en la nature, mais il fait encore plus magnifiquement paraître les trésors infinis de sa bonté, en la différence non pareille des biens que nous reconnaissons en la grâce. Car, Théotime, il ne s'est pas contenté, en l'excès sacré de sa miséricorde, d'envoyer à son peuple, c'est‑à‑dire au genre humain, une rédemption générale et universelle, par laquelle un chacun peut être sauvé; mais il l'a diversifiée en tant de manières, que sa libéralité reluisant en toute cette variété, cette variété réciproquement embellit aussi sa libéralité. Ainsi il destina premièrement pour sa très sainte Mère une faveur digne de l'amour d'un Fils qui, étant tout sage, tout puissant et tout bon, se devait préparer une Mère à son gré : et partant, il voulut que sa rédemption lui fût appliquée par manière de remède préventif, afin que le péché, qui s'écoulait de génération en génération, ne parvînt point à elle. De sorte qu'elle fut rachetée si excellemment, qu'encore que par après le torrent de l'iniquité originelle vint rouler ses ondes infortunées sur la conception de cette sacrée Dame, avec autant d'impétuosité comme il eût fait sur celle des autres filles d'Adam, si est-ce qu'étant arrivé là, il ne passa point outre, mais s'arrêta court, comme fit anciennement le Jourdain du temps de Josué (Josué III, 16,17), et pour le même respect: car ce fleuve retint son cours en révérence du passage de l'Arche de l'alliance, et le péché originel retira ses eaux, révérant et redoutant la présence du vrai Tabernacle de l'éternelle alliance. De cette manière donc, Dieu détourna de sa glorieuse Mère toute captivité (Ps CXXV,1) lui donnant le bonheur des deux états de la nature humaine, puisqu'elle eut l'innocence que le premier Adam avait perdue, et jouit excellemment de la rédemption que le second lui acquit; en suite de quoi, comme un jardin d'élite qui devait porter le fruit de vie, elle fut rendue florissante en toutes sortes de perfections, ce Fils de l'amour éternel ayant ainsi paré sa Mère de robe d'or, récamée en belle variété, afin qu'elle fût la Reine de sa dextre (Ps XLIV,10), c'est‑à-dire la première de tous les élus, qui jouirait des délices de la dextre divine (Ps XV,11). Si que cette Mère sacrée, comme toute réservée à son Fils, fut par lui rachetée, non seulement de la damnation, mais aussi de tout péril de la damnation, lui assurant la grâce et la perfection ; en sorte qu’elle marchât comme une belle aube qui, commençant à poindre, va continuellement croissant en clarté jusqu’au plein jour. Rédemption admirable, chef-d’œuvre du Rédempteur et la première de toutes les rédemptions, par laquelle le Fils, d'un cœur vraiment filial, prévenant sa mère ès bénédictions de douceur, il la préserve non seulement du péché, comme les anges, mais aussi de tout péril de péché, et de tous les divertissements et retardements de l'exercice du saint amour. Aussi proteste‑t‑il qu'entre toutes les créatures raisonnables qu'il a choisies, cette Mère est son unique colombe, sa toute parfaite, sa toute chère Bien‑aimée, hors de toute comparaison. » « La Sainte Vierge eut l'usage de raison dès l'instant de sa conception, et au même instant elle vit comme la divine Bonté la préserva du précipice du péché originel, où elle allait tomber si sa main toute puissante ne l'eut retenue. Pour reconnaissance de cette grâce, elle se dédia et consacra dès lors si absolument à son service, que la parole qu'elle donna à la divine Majesté fut irrévocable. Mais nonobstant cela, elle tint l'espace de trois ans sa résolution close et couverte sous les apparences de l'enfance. Je dis sous les apparences, parce qu'en effet elle n'était point enfant, mais ayant l'usage de raison, elle menait une vie purement contemplative; c'était un si sage enfant qu'il ne s'en peut jamais imaginer un semblable, excepté son Fils bien aimé. » « Entre toutes les créatures raisonnables il n'y a que la Sainte Vierge qui ait eu toutes sortes de biens en elle sans aucun mélange de mal, car elle a été seule exempte de toutes tares et souillures de péchés et imperfections. Elle seule a été toute pure et toute belle(Cant. I,14 ; IV,1-7) sans que jamais elle se soit flétrie ni fanée. Je dis seule entre toutes les pures créatures, car quant à son Fils Notre-Seigneur il n'était pas simple créature, étant Dieu et homme tout ensemble ; je n'entends donc pas parler de lui, d'autant qu'étant la source de toutes les perfections il ne pouvait y avoir en lui rien d'imparfait. Mais la très Sainte Vierge, qui tenait son extraction du néant comme les autres créatures, a été la seule en laquelle il ne s'est jamais trouvé aucune imperfection. » « Quant à Notre-Dame, la très sainte Vierge, elle fut conçue par voie ordinaire de génération ; mais Dieu l'avant de toute éternité prédestinée en son idée pour être sa Mère, la garda pure et nette de toute souillure, bien que de sa nature elle pouvait pêcher. Il n'y a point de doute en cela pour ce qui est du péché actuel. Il me faut servir d'une comparaison pour vous le faire entendre. Savez‑vous comme se font les perles ? (Plusieurs dames désirent des perles, mais elles ne se soucient pas du reste.) Les mères perles font comme les abeilles : elles ont un roi, et prennent pour cela la plus grosse d'entre elles et la suivent toutes. Elles viennent sur les ondes de la mer au temps de la plus grande fraîcheur, qui est à la pointe du jour, principalement au mois de mai; comme elles sont là, elles ouvrent leurs écailles du coté du ciel, et les gouttes de la rosée tombant en icelles, elles les resserrent ensuite en telle sorte qu'elles couvent cette rosée dans la mer et la convertissent en perles, dont puis après l'on fait tant d'état. Mais remarquez qu'elles ferment si bien leurs écailles, qu'il n'y entre point d'eau salée ; cette comparaison sert bien à mon propos. Le Seigneur en a fait de même pour la Sainte Vierge Notre-Dame, parce qu'à l'instant de sa conception il se mit entre deux, ou bien, en quelque façon, au dessous d'elle pour l'empêcher de tomber dans le péché originel. Et comme si la goutte de rosée ne trouvait pas l'écaille pour la recevoir elle tomberait dans la mer et serait convertie en eau amère et salée, mais l'écaille la recevant elle est changée en perle, de même la très sainte Vierge a été jetée et envoyée en la mer de ce monde par voie commune de génération, mais préservée des eaux salées de la corruption du péché. Elle devait avoir ce privilège particulier, parce qu'il n'était pas raisonnable que le diable reprocha à Notre-Seigneur que celle qui l'avait porté en ses entrailles eut été tributaire de lui. C'est pour cette cause que l'Evangéliste ne fait point mention des père et mère de la Vierge, mais seulement de Joseph, époux d'une Vierge nommée Marie, de laquelle est né le Christ (Mt I,16). Aussi, par une spéciale grâce, son âme ne tenait‑elle rien de ses parents pour ce qui est ordinaire aux autres créatures. » « Dieu destina premièrement pour sa très sainte Mère une faveur digne de l’amour d’un fils, qui étant tout sage, tout-puissant et tout bon, se devait préparer une mère à son gré, et partant il voulut que sa rédemption lui fût appliquée par manière de remède préventif, afin que le péché, qui s’écoulait de génération en génération, ne parvint point à elle; de sorte qu’elle fut rachetée si excellemment, qu’encore que par après le torrent de l’iniquité originelle vint rouler ses ondes infortunées sur la conception de Notre-Dame avec autant d’impétuosité comme il eût fait sur celle des autres filles d’Adam, si est-ce qu’étant arrivé là il ne passa point outre, mais s’arrêta court, comme fit anciennement le Jourdain du temps de Josué, et pour le même respect; car ce fleuve retint son cours en révérence du passage de l’arche de l’alliance, et le péché originel retira ses eaux, révérant et redoutant la présence du vrai tabernacle de l’éternelle alliance. » Saint François de Sales, Traité de l’Amour de Dieu, Livre II, 6 Excellence de la Sainte Vierge
Marie dans le plan providentiel:
Immaculée Conception :
Privilège singulier :
Marie rachetée de façon éminente:
Usage de la raison dès sa conception :
Sanctification éminente dès le principe :
Dons du Saint-Esprit en Marie :
Cause prochaine de sa sainteté:
Dignité du corps de Marie :
Virginité plus honorable que celle des anges:
Parfaite docilité aux inspirations du Saint-Esprit:
Vœu de virginité :
Considérez que la Sainte Vierge voua la premier sa virginité a Dieu, et après elle, tant de vierges, hommes et femmes. Mais avec quelle ardeur, avec quel amour, avec quelle affection furent vouées ces virginités, ces chastetés ? 0 Dieu, cela ne se peut dire. Humiliés vous fort devant la troupe céleste des vierges et, par l'humble prière, suppliés-les qu'elles vous reçoivent avec elles, non pas pour prétendre à les égaler en pureté, mais au moins afin que vous soyez avouée leur servante indigne, en les imitant au plus presque vous pourrez. Suppliés-les qu'elles offrent avec vous votre vœu à Jésus Christ, Roy des vierges, et qu'elles rendent agréable votre chasteté par le mérite de la leur. Sur tout, recommandés votre intention a Notre-Dame, puis à votre bon Ange, afin que désormais il lui plaise, d'un soin particulier, préserver votre cœur et votre cors de toute souillure contraire a votre vœu.Joie de se consacrer à Dieu :
Marie avança par ses soupirs l'Incarnation :
Humilité de Marie:
Parfait abandon en face des angoisses de saint Joseph :
Amour de bienveillance :
Silence de Marie :
Obéissance a saint Joseph:
Recherche unique de Jésus :
Abandon:
Amour maternel pour les hommes :
Marie mourut d'amour:
Fut reçue au ciel avec magnificence :
Le Magnificat du ciel :
Nouvelle Eve:
Marie modèle pour tous:
Marie entraîneuse des chrétiens :
De son respect pour son corps :
Culte par l'Ave Maria et le chapelet :
sur l’Immaculée Conception
Sermon pour la fête de la présentation de la sainte Vierge, le 21 novembre 1619
Tome IX, sermon XXVI, page 231 (Edition Annecy, 1898)
Tome X, sermon LXIV pour le Dimanche des Rameaux, le 20 mars 1622
Tome X, sermon LXVII pour la fête de l’Immaculée Conception, le 8 décembre 1622