Si nous entrons comme il faut dans l'esprit de la foi, nous prendrons les choses comme en passant ; et lorsque ceux qui nous sont chers s'en iront à Dieu devant nous, nous ne serons pas inconsolables comme si nous les avions perdus ; mais nous travaillerons à nous rendre dignes de les rejoindre au lieu où ils nous attendent. De là vient que nous ne devons pas nous laisser abattre par une douleur sans remède, comme si nous n'avions plus aucune espérance ; mais nous affliger seulement comme feraient des personnes proches qui, ayant longtemps voyagé ensemble, seraient contraintes de se séparer, lesquelles, ayant donné quelques larmes à la tendresse naturelle, non sans quelque regret qui les accompagne toujours, mais qui est notablement allégé par l'espérance de les revoir. C'est ainsi , dit saint Augustin, qu'on permet à la tendresse des fidèles de s'attrister sur la mort de leurs amis par le mouvement d'une douleur passagère ; que les sentiments de l'humanité leur fassent répandre des larmes momentanées qui soient aussitôt réprimées par les consolations de la foi, laquelle nous persuade que les chrétiens qui meurent s'éloignent un peu de nous pour passer à une meilleure vie.» Bossuet, Sentiments du chrétien sur la vie et la mort.
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