La Règle de Saint-Benoît
pour
tous les jours de l'année
10 septembre
L’abbé, s’il est vraiment digne de
gouverner son monastère, se souviendra sans cesse du nom qu’il porte, et
s’efforcera de réaliser dans ses actes sa qualité de supérieur. Car il
est tenu dans la communauté pour le vicaire du Christ, il est désigné du
même titre que lui, selon la parole de l’Apôtre : Vous avez reçu
l’esprit d’enfants adoptifs : aussi, vous adressant à Dieu,
l’appelez-vous : Abba, c’est-à-dire, Père. L’abbé ne doit donc rien
enseigner, rien établir ni ordonner, qui s’éloigne des préceptes du
Seigneur; mais que ses ordonnances et ses enseignements, tel un ferment
de justice divine, se répandent dans le cœur de ses disciples.
L’abbé aura toujours devant les yeux le rigoureux jugement que Dieu lui
fera subir sur deux points : l’usage de son autorité et l’obéissance
qu’il exige de ses disciples : le pasteur, en effet, que l’abbé le sache
bien, verra imputer à’ sa charge tout mécompte relevé par le Père de
famille dans ses ouailles. Il se présentera pareillement au jugement de
Dieu, mais cette fois pour y être absous, Si, ayant affaire à un
troupeau turbulent et indocile, il apporte tous ses soins, toute sa
diligence pastorale a la guérison de leurs infirmités : dans ce cas, il
pourra dire au Seigneur avec le Prophète : "Je n’ai point gardé secrète
et pour moi seul votre justice : j’ai publié vos sentences de vérité et
de salut ; mais eux, ils en ont fait fi, ils n’ont méprisé." Et à
l’heure dernière, ces brebis intraitables auront pour châtiment la mort
elle-même qui l’emportera enfin sur leur obstination. |