La Règle de Saint-Benoît
pour
tous les jours de l'année
31 juillet
49 - DE L’OBSERVANCE DU CARÊME
Le moine devrait sans doute mener en tout temps un genre de vie pareil à
celui du Carême, mais bien peu en auraient la force. Nous insisterons
toutefois pour que, au moins en cette époque de Carême, chacun veille à
maintenir ses mœurs dans une exacte pureté, et tende à expier du même
coup, en ces jours sacrés, les négligences de toute l’année. Afin d’y
réussir parfaitement, nous nous préserverons de tout dérèglement, nous
nous appliquerons à la prière accompagnée de larmes, à la lecture, à la
componction du cœur, aux pratiques de l’abstinence. C’est pour nous le
moment d’ajouter quelque austérité de saison an fardeau coutumier de nos
devoirs : prières de surcroît, restrictions dans le boire et le manger ;
en somme, que chacun se fasse un devoir d’offrir à Dieu, dans la joie du
Saint-Esprit, quelque prélèvement de son choix sur la portion qui lui
est mesurée : par exemple qu’il refuse à son corps un peu de nourriture,
de boisson, de sommeil, qu’il retranche aussi quelque chose de sa
propension à parler à plaisanter, et qu’il place toute l’ardeur de ses
désirs spirituels dans l’attente joyeuse du saint jour Pâques.
Cependant, ce qu’on offre personnellement à Dieu, sera d’abord proposé à
l’abbé, pour être accompli avec son agrément et l’appui de sa prière. Ce
qu’on entreprendrait sans la permission du père spirituel, serait imputé
à présomption et vaine gloire, et ne mériterait nulle récompense. Que
tout se fasse donc avec l’assentiment de l’abbé. |