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Les Grandes Antiennes "Ô"

 

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Introduction

 

Venant du grec αντιφωνη, le mot « antienne » signifie chant alternatif. Les grandes antiennes « Ô », en latin antiphonae majores , en anglais Great O antiphons et parfois « anthems », appelées aussi Antiennes de Magnificat parce qu'elles sont chantées avant et après le Magnificat aux Vêpres dans la semaine précédant Noël. On les appelle ainsi car elles commencent par « Ô ». On les nommait familièrement : « Grandes Ô », « Antiennes Ô » ou juste « Ô, de Noël ». Elles s'adressent au Christ qui va naître, et comme toutes les antiennes anciennes, contiennent de nombreuses références bibliques et allusions au Nouveau et Ancien Testament. En grégorien, elles sont toutes dans le même mode, le deuxième mode. Attente de Dieu, elles se terminent 24 décembre avec la fête de Noël célébrant la naissance de Jésus-Christ. Elles associent l'invocation du Messie (« Ô … ») avec la prière pour sa venue (introduite par : veni, « viens ») et s'appuient sur les textes de l'Ancien Testament (notamment sur le livre d'Isaïe). Chaque antienne reprend une prophétie d'Isaïe et chacune est un titre du Messie attendu.

Le texte des antiennes « Ô » du 17 au 24 décembre

17

Ô Sapientia, quæ ex ore Altissimi prodisti, attingens a fine usque ad finem, fortiter suaviter disponensque omnia: veni ad docendum nos viam prudentiæ.

Ô Sagesse, sortie de la bouche du Très-Haut, qui enveloppez toutes choses d'un pôle à l'autre et les disposez avec force et douceur, venez nous enseigner le chemin de la prudence.

18

Ô Adonai, et Dux domus Israel, qui Moysi in igne flammæ rubi apparuisti, et ei in Sina legem dedisti : veni ad redimendum nos in bracchio extento.

Ô Adonaï, guide du peuple d'Israël, qui êtes apparu à Moïse dans le feu du buisson ardent, et lui avez donné vos commandements sur le mont Sinaï, armez votre bras, et venez nous sauver.

19

Ô Radix Iesse, qui stas in signum populorum, super quem continebunt reges os suum, quem gentes deprecabuntur : veni ad liberandum nos, iam noli tardare.

Ô Fils de la race de Jessé, signe dresse devant les peuples, vous devant qui les souverains resteront silencieux, vous que les peuples appelleront au secours, délivrez-nous, venez, ne tardez plus !

20

Ô Clavis David, et sceptrum domus Israel ; qui aperis, et nemo claudit ; claudis, et nemo aperit : veni, et educ vinctum de domo carceris, sedentem in tenebris et umbra mortis.

Ô Clef de la cité de David, sceptre du royaume d'Israël, vous ouvrez, et personne alors ne peut fermer ; vous fermez, et personne ne peut ouvrir ; venez, faites sortir du cachot le prisonnier établi dans les ténèbres et la nuit de la mort.

21

Ô Oriens, splendor lucis æternæ, et sol iustitiæ : veni, et illumina sedentes in tenebris et umbra mortis.

Ô Orient, splendeur de la Lumière éternelle, Soleil de justice, venez, illuminez ceux qui sont assis dans les ténèbres et la nuit de la mort.

22

Ô Rex gentium, et desideratus earum, lapisque angularis, qui facis utraque unum : veni, et salva hominem, quem de limo formasti.

Ô Roi des nations, objet de leur désir, clef de voûte qui unissez les peuples opposés, venez sauver l'homme que vous avez façonné d'argile.

23

Ô Emmanuel, Rex et legifer noster, exspectatio gentium, et Salvator earum : veni ad salvandum nos, Domine, Deus noster.

 

Ô Emmanuel, notre roi et législateur, que tous les peuples attendent comme leur Sauveur, venez nous sauver, Seigneur notre Dieu !

Commentaires sur les grandes Antiennes « Ô »
par Dom Guéranger dans « l’Année Liturgique »

L’Église ouvre aujourd’hui la série septénaire des jours qui précèdent la Vigile de Noël, et qui sont célèbres dans la Liturgie sous le nom de Féries majeures. L’Office ordinaire de l’Avent prend plus de solennité ; les Antiennes des Psaumes, à Laudes et aux Heures du jour, sont propres au temps et ont un rapport direct avec le grand Avènement. Tous les jours, à Vêpres, on chante une Antienne solennelle qui est un cri vers le Messie, et dans laquelle on lui donne chaque jour quelqu’un des titres qui lui sont attribués dans l’Écriture.

Le nombre de ces Antiennes, qu’on appelle vulgairement les O de l’Avent, parce qu’elles commencent toutes par celte exclamation, est de sept dans l’Église romaine, une pour chacune des sept Féries majeures, et elles s’adressent toutes à Jésus-Christ. D’autres Églises, au moyen âge, en ajoutèrent deux autres : une à la Sainte Vierge, O Virgo Virginum ! et une à l’Ange Gabriel, O Gabriel ! ou encore à saint Thomas, dont la fête tombe dans le cours des Fériés majeures. Cette dernière commence ainsi : O Thomas Didyme [4] !

Il y eut même des Églises qui portèrent jusqu’à douze le nombre des grandes Antiennes, en ajoutant aux neuf dont nous venons de parler, trois autres, savoir : une au Christ, O Rex pacifice ! une seconde à la Sainte Vierge, O mundi Domina ! et enfin une dernière en manière d’apostrophe à Jérusalem, O Hierusalem !

L’instant choisi pour faire entendre ce sublime appel à la charité du Fils de Dieu, est l’heure des Vêpres, parce que c’est sur le Soir du monde, vergente mundi vespere, que le Messie est venu. On les chante à Magnificat, pour marquer que le Sauveur que nous attendons nous viendra par Marie. On les chante deux fois, avant et après le Cantique, comme dans les fêtes Doubles, en signe de plus grande solennité ; et même l’usage antique de plusieurs Églises était de les chanter trois fois, savoir : avant le Cantique lui-même, avant Gloria Patri, et après Sicut erat. Enfin, ces admirables Antiennes, qui contiennent toute la moelle de la Liturgie de l’Avent, sont ornées d’un chant plein de gravité et de mélodie ; et les diverses Églises ont retenu l’usage de les accompagner d’une pompe toute particulière, dont les démonstrations toujours expressives varient suivant les lieux. Entrons dans l’esprit de l’Église et recueillons-nous, afin de nous unir, dans toute la plénitude de notre cœur, à la sainte Église, lorsqu’elle fait entendre à son Époux ces dernières et tendres invitations, auxquelles il se rend enfin.

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