✠︎

Sermon du 21 mars 2024 donné à l’occasion de la Messe solennelle en l’honneur de saint Benoît, patron de l’Institut

par Mgr Wach, Prieur Général de l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre

Monsieur le Supérieur,
Monseigneur,
Messieurs les chanoines,
Messieurs les abbés,
Mes bien chers frères,

I

Saint Benoît naquit, en 480, à Subiaco, sur les rives du Teverone. Tout sourit à la venue au jour de ce petit patricien. Plus heureux selon le monde que la plupart d’entre nous, il trouve à sa naissance fortune faite, un château, des terres, des serviteurs, et il grandit dans ce milieu déjà féodal, entouré du luxe de ce temps, peut-être un peu décadent. Il a quatorze ans.

À cet âge, mes bien chers Amis, beaucoup auraient profité de l’aubaine. Nés grands seigneurs, beaucoup auraient voulu vivre en grands seigneurs et jouir jusqu’à la fin de ces heureux présents que la Providence n’accorde qu’à un petit nombre d’élus.

Lui, il entend une voix qui l’appelle au désert, et il y répond immédiatement par une brusque rupture de tous les liens.

Changement total dans son existence : il vivait dans un château ; il vit dans un antre étroit et sombre. Il se nourrissait des mets exquis qui chargent la table des riches de son époque ; il se nourrit du pain grossier qu’un solitaire lui descend au bout d’une corde. Il avait toutes les joies de la vie de famille ; il ne lui reste plus que l’austère bonheur de sentir la présence du Dieu invisible qu’il entrevoit dans l’Évangile et dans la nature et qui remplit son cœur.

Trois années entières, il demeure dans cette espèce de tombeau aérien, dénudé de tout. Mais sa retraite est découverte et alors sa renommée prend son vol et s’étend sur toute l’Italie et au-delà ; de tous les côtés accourent des disciples jaloux de suivre ses traces et de se sanctifier avec lui et sous sa direction. Ce sont des laïcs et des clercs, des Romains et des Barbares, toute une foule bigarrée que rassemble, unifie et solidarise un même idéal de sainteté.

Mais les aigles, chers Amis, ne restent pas toujours sur la même cime ; parfois, ils volent plus loin et plus haut selon la volonté de leurs ailes puissantes et parfois de quelque orage furieux qui les emporte.

Ce fut un orage qui chassa Benoît de ses monastères des rives de l’Anio. Tant de succès, tant de bien accompli, ses vertus, ses miracles même excitent l’animosité des envieux. Le vivant monument qu’il édifie à la gloire de Dieu, on prétend le souiller et l’abattre. Par amour pour la paix, il dit adieu aux gorges déchirées de Subiaco, premier et doux berceau de sa vocation. Il ramasse un bâton dans les ravins et le voilà parti. Il marche vers les Abruzzes.

Que va-t-il devenir ? Il l’ignore. Où s’arrêtera-t-il ? Il n’en sait rien. Arrivé aux confins du Samnium et de la Campanie, il voit se dresser devant ses pas un mont isolé, aux pentes abruptes noires de forêts : c’est le Mont-Cassin. Site incomparable encore aujourd’hui ! La montagne est gigantesque, la terre disparaît et les nuages passent à ses pieds en un déroulement de vagues énormes.

Le Mont-Cassin semble planer en plein ciel et chacun peut comprendre que saint Benoît se soit arrêté là ; car en aucun lieu du monde, la nature qui parle si éloquemment au cœur des saints ne se revêt de plus de majesté et ne s’enveloppe de plus de silence.

Cette troisième étape de sa course terrestre fut la dernière. Une fois fixé dans cet asile suprême, il n’en sortit plus. Comme à Subiaco, des disciples innombrables accoururent et se mirent sous la direction de cet incomparable maître de la vie spirituelle, et c’est au milieu d’eux qu’il mourut, en 547, comme un père au milieu de ses enfants.

Telle est, chers Chanoines, chers Séminaristes, la vie très simple de ce grand homme, de ce moine, de ce père du monachisme occidental,  vie hélas incompréhensible au monde, et que vous devez, au séminaire, méditer toujours plus pour en comprendre toute la grandeur et toute la gloire.

C’est pourquoi je veux vous expliquer en cette grande fête comment le culte dont ce moine, chanté par Dante, célèbre dans la chrétienté, obéi par des millions de religieux, a été et reste important et central depuis seize siècles. C’est pourquoi je voudrais quelque peu vous révéler son âme et son œuvre.

Commençons par dépeindre son âme.

II

Ce n’est ni par notre naissance, ni par notre fortune, ni par notre position, ni par notre talent que nous valons quelque chose : c’est par notre âme. Une belle et grande âme fait toujours et fait seule une belle et grande vie.

Prenez un homme qui pousse jusqu’à ses dernières frontières ses facultés naturelles, intelligence et énergie, vous avez un héros ; prenez un homme qui livre ses facultés naturelles, intelligence et énergie, à la grâce de Dieu, vous avez plus qu’un héros, vous avez un saint.

Aussi devenir un saint est-il la plus grande ambition qu’un homme puisse concevoir. Benoît conçut cette ambition et il la réalisa.

Et d’abord, il se met à l’école de Dieu et de Dieu seul ; il lui laisse le soin de fortifier son intelligence.

Dans sa grotte, comme plus tard dans son monastère, il n’a que deux livres, mais ces deux livres sont les plus beaux et les plus profonds qui existent, ceux où Dieu a consigné sa pensée, ceux que le génie et la piété méditent depuis des siècles et qu’ils pourront méditer jusqu’à la fin du monde, sans en épuiser les lumières : je veux dire l’Ancien Testament et l’Évangile.

Jeune homme, il penche sur les pages sacrées son front sans rides ; vieillard, il penche encore sur elles son front blanchi que les soucis ont labouré. Il les lit et les relit, et c’est là qu’il trouve la plus haute et la plus féconde des sciences, cette science que les anciens appelaient d’un nom aujourd’hui presque oublié : la Sagesse !

Mais donner à Dieu son intelligence, ce n’est pas assez : il faut lui livrer toute son âme ; saint Benoît la lui livre.

Il se fait, sous le souffle de Dieu, une âme généreuse. Je l’ai dit déjà, à quatorze ans, à un âge où la volonté chez les autres existe à peine, il brise tous les liens qui l’attachent au monde, et vous avouerez bien que peu d’adolescents sont capables d’une pareille décision, capables surtout de la soutenir.

Il se fait, sous le souffle de Dieu, une âme brave, brave non de la bravoure pleine d’ivresse et passagère du soldat, mais brave de la bravoure longue et soutenue du solitaire que sa solitude entoure de périls constants.

Imaginez cet enfant dans cette caverne de roche, glacé l’hiver, l’été dévoré de soleil. Les bêtes de la forêt et de la montagne rôdent autour de lui nuit et jour ; il ne les craint pas. Le tonnerre gronde, roule, éclate sur sa tête ou sous ses pieds ; il reste impassible devant la foudre qui fait trembler jusqu’au roc qui l’abrite.

Et voici que l’ombre a envahi les vallées : il est là, seul, et dans le silence de tout, il n’a pas peur. Je vous le dis, c’est un brave.

C’est qu’il s’est fait, sous le souffle de Dieu, une âme intrépidement confiante ; il sait que la puissance qui l’a conduit au désert saura l’y défendre, que pas un cheveu de sa tête ne tombera qu’Elle ne le veuille ; que si Elle a décidé qu’il vive il, vivra ; que si Elle a décidé qu’il atteindrait le but de sa vie, il l’atteindra ; et qu’il n’est pas d’hostilité naturelle ou diabolique qui soit capable de L’empêcher.

Généreux, brave, confiant, il se fit encore sous le souffle de Dieu une âme pure. Il est obsédé, dans son âpre solitude, par une image troublante, souvenir persistant de je ne sais quel fantôme mondain un instant entrevu. Il sent dans son être jeune et vierge d’étranges inquiétudes et de douloureuses révoltes.

Un instant, il est prêt à faiblir. Ô volupté, qui n’a senti ta main de feu s’approcher de son cœur, prêt à faiblir aussi sous sa molle et mortelle caresse ?

Mais lui, non, il ne faiblira pas ! Il y a près de sa grotte un buisson de ronces et d’épines ; il enlève la peau de bête qui lui sert de vêtement, et il s’y roule à nu, jusqu’à ce que son corps ne soit plus qu’une plaie, mais aussi jusqu’à ce qu’il ait éteint pour jamais le feu intérieur qui l’enflammait jusque dans le désert.

La force morale, si rare, triomphait en lui. Mes chers Amis, s’il n’avait été profondément humble, il eût pu se dire fort, car il l’était désormais, s’étant vaincu lui-même. Voilà le secret : l’humilité !

Il se fait alors fondateur d’Ordre et apôtre.

Le premier, dans notre Occident, il rassemble les moines isolés jusque-là, l’ermite de la montagne, l’anachorète de la vallée et l’ascète du désert ;

Le premier, il appelle à lui les âmes d’élite dont le goût est de se sanctifier dans la prière, la mortification et la solitude ;

Le premier, il en fait un corps compact et une armée, l’armée du grand combat civilisateur dont la victoire à jamais mémorable sera la constitution de la société chrétienne.

Et en même temps, irrésistiblement poussé par son zèle pour la gloire du Christ et le salut des âmes, il porte aux foules des villes et des campagnes cette vérité évangélique qu’il traduit si fidèlement dans sa vie. Il y a encore des païens dans les villages et dans les replis des vallées d’Italie ; il les convertit à sa foi. Parmi les couches barbares que les invasions laissent derrière elles comme des alluvions, il y a des hérétiques ; il les fait rentrer dans le giron de l’Église.

Le démon, qu’il a tant de fois vaincu, recule devant lui ; les faux dieux tombent en poussière à sa voix ; l’erreur se désavoue et la religion triomphe.

Et remarquez que cet homme prodigieusement austère, qui pousse l’amour de la vertu jusqu’à l’oubli de soi et l’effusion même du sang, demeure merveilleusement sensible et tendre. Ses moines, qu’il dirige parfois rudement, il les aime comme ses fils.

Sa sœur sainte Scholastique qui est venue se fixer près de lui pour profiter de ses lumières, il la chérit de tout son cœur ; son indomptable énergie – selon la loi de Jésus – s’adoucit et s’embellit d’amour.

Cependant, déjà saint, il s’élève de plus en plus sur les sommets de la sainteté. Dieu, en récompense de ses inlassables efforts, le favorise des dons les plus extraordinaires.

L’abbé du Mont-Cassin est un thaumaturge.

Un jour, on lui présente une coupe empoisonnée ; il fait le signe de la croix sur la coupe, elle se brise.

Un autre jour, pendant la fameuse disette de 539, les provisions manquent au monastère. Les moines sont effrayés. « Demain, leur dit saint Benoît, vous aurez plus de pain qu’il ne vous en faudra ! » Et le lendemain, on trouve à la porte du couvent deux cents boisseaux de farine déposés là par une main inconnue.
Et tant d’autres miracles, comme la résurrection d’un fils de paysan.

Ce n’est pas tout : il lit dans les âmes, il terrasse d’un regard les Barbares qui tyrannisent l’Italie, après l’avoir conquise.

Il prédit l’avenir. On le surprend un jour à pleurer : — « Père, pourquoi cette tristesse ? » — « Le monastère que j’ai bâti pour mes frères périra bientôt. » Moins de quarante ans s’écoulent, et le monastère est détruit de fond en comble par les Barbares.

Thaumaturge et prophète, il ne pouvait monter plus haut.

Voilà, mes bien chers frères, ce que la grâce de Dieu fit d’un enfant qui choisit la solitude et le sacrifice pour son partage et qui vécut toute sa longue vie loin du monde.

Elle en fit une des âmes les plus généreuses, les plus braves, les plus pures, les plus confiantes en Dieu, les plus douces, les plus éclairées d’en-haut qui se puissent rêver ; elle en fit une âme d’un saint, d’un grand saint !

Un saint, Benoît n’eût-il été que cela qu’il serait déjà digne d’une éternelle admiration, car un saint est un être exquis et rare, dont le passage sur cette terre honore autant l’humanité qu’il glorifie Dieu.

Alors qu’au premier abord on serait tenté de ne voir dans ces solitaires et ces contemplatifs que de doux rêveurs, à peu près inutiles, on éprouve à les regarder de plus près une indicible surprise ! On découvre que leur vie intérieure s’échappe en rayonnements inattendus, que leur amour exclusif et passionné de Dieu se transforme en amour du prochain, que leur inertie apparente, comme ces rouages qui semblent ne pas tourner tant ils tournent vite, cachent une activité prodigieuse ; en fin de compte, si je puis dire, ils entraînent tout dans leur orbite.

Ils se révèlent de ce coup comme les transformateurs, les rénovateurs et les sauveurs de la société, plus utiles au progrès du monde que les plus grands génies de la diplomatie, de la politique ou de la guerre.

Or telle fut la glorieuse destinée de saint Benoît, et c’est là ce que je voudrais encore vous montrer avant de terminer ce sermon. Vous comprendrez ainsi mieux pourquoi nous vous l’avons donné comme saint Patron de notre Institut.

III

Nous nous plaignons beaucoup de notre temps, et peut-être n’est-ce pas exagérer que de dire que nous avons vraiment quelques raisons de nous plaindre. Ceux-là se tromperaient cependant, et grossièrement, qui croiraient que le passé n’a jamais rien offert de comparable à nos misères présentes.

La vérité, c’est qu’il y eut toujours des temps difficiles, et peut-être même encore plus durs que les nôtres ;

La vérité, c’est que nos pères, à plus d’une reprise, ont tremblé devant des périls plus menaçants, enveloppés et comme empêtrés dans des situations encore plus obscures et plus inextricables ;

Mais la vérité, c’est aussi qu’il n’est pas d’épreuves si douloureuses, pas de crises si désespérées, pas d’abîme si profond d’où la main de Dieu, en un temps relativement assez court, ne puisse faire sortir le christianisme et la société, par la victorieuse entremise des saints.

Oui chers Amis, saint Benoît connut une époque de troubles et de haines ! L’Europe était labourée, déchirée par les invasions barbares ; l’ordre politique et social n’existe plus. Tout cela favorisait le développement des vices.

La religion elle-même, dernier lien quand tout se désagrège et dernier espoir quand tout tombe, la religion elle-même, dans le chaos des hérésies et des schismes, je pense en particulier à l’arianisme, en Occident comme en Orient, semble glisser sur la pente d’une décadence précoce.

Elle n’a que cinq siècles d’existence, et déjà ses ennemis prophétisent qu’elle va périr. Ces prophètes de malheur n’ont jamais manqué, en n’importe quel temps, de lancer contre elle ces insultantes et téméraires prédictions.

Il n’y a qu’à sourire de leurs prédictions vaines. En dehors de toute question d’ordre surnaturel, il est certain que le passé de l’Église atteste une puissance de résistance et de relèvement qui garantit l’avenir.

Ne craignez donc point, chers Amis, nous ne sommes pas encore dans l’ère post-chrétienne : la grande lumière brillera de nouveau après l’éclipse ; la paix succédera à la guerre et le triomphe, enfin, à l’apparente défaite. Il suffira pour cela que quelque homme providentiel surgisse à l’appel de Dieu. Un génie ? Ce n’est pas nécessaire. Un César ? Ce n’est pas nécessaire. Un saint comme ce vieux moine dont nous célébrons la fête, et ce peut être assez.

Âme cachée d’un monde en pleine décomposition, sans le vouloir, sans le savoir même, pur instrument entre les mains de la volonté d’En-haut, le grand cénobite de Subiaco et du Mont-Cassin restaura la religion, la morale et la liberté, et par là tout ce qui périssait fut sauvé.

Voyez-le à l’œuvre. Autour de lui, il groupe tout ce que le monde romain et barbare garde encore d’âmes généreuses et élevées, et il leur inculque le double sentiment de l’amour de l’Église romaine et du dévouement à sa cause.

Il fait plus : il leur impose une règle rigoureuse de prière et de travail, une règle de pauvreté, d’obéissance et de chasteté, dont l’observance est la plus éloquente des protestations contre les vices de l’époque.

Il fait plus encore : il sait que ni la religion ne peut vivre, ni la morale ne fleurit sous le sceptre de la tyrannie, et il leur apprend, lui qui reçoit les princes oppresseurs de son pays, assis sur son siège d’Abbé, comme s’il était leur égal, à résister aux brutalités de la force.

De telles leçons suffisent. Ses moines, devenus légions pendant sa vie, se changent en une armée innombrable après sa mort. Regardez sur la montagne, sur les collines, dans les vallées, dans les cités, ces monastères qui s’élèvent au nord et au midi, partout ; ce sont les siens, ruches laborieuses dont les ouvriers sont les moines.

Ces moines, le monde les voit agir, il les voit prêcher, défricher et labourer les terres incultes, s’asseoir dans la chaire des docteurs et sur le trône des pontifes, propager la paix et la foi, la science et l’art, la parole de Dieu et le génie de l’homme.

Au bout de cent ans d’efforts, l’Italie, la Gaule, l’Espagne, tout l’Occident est reconquis ; la chrétienté est reconstituée, plus large et plus cohérente qu’aux jours de Constantin, et avec les Barbares, civilisés peu à peu par les fils de saint Benoît, un monde nouveau commence : la future chrétienté. Et le monde actuel, notre monde, celui qui oublie trop vite qu’il est sorti d’un cloître !

Telle a été, chers Amis, la vie, l’âme et l’œuvre de votre illustre Patron : sa vie a été celle d’un moine obscur ; son âme, celle d’un saint ; son œuvre, celle d’un régénérateur des peuples. Vie utile entre toutes, âme admirable entre toutes, œuvre féconde entre toutes, qui font de cet homme l’un des plus grands de son siècle et de l’humanité.

Il est le symbole de cette vertu monastique qu’on ne saurait proscrire et ruiner sans priver le monde de ce que l’âme humaine a jamais produit de plus beau et de plus utile à la vie des peuples.

Honorons-le donc, mes bien chers Amis, c’est justice.

Prions-le aussi : celui qui fut assez puissant sur la terre pour arrêter la plus menaçante des décadences, doit être encore plus puissant au ciel, et il nous aidera, espérons-le, dans la crise actuelle, à remonter la pente fatale où nous nous laissons glisser.

Mais avant tout, profitons des leçons qu’il nous donne.

Il s’est constitué, dès sa plus tendre enfance, serviteur de Dieu. Nous, ses disciples, rappelons-nous toujours qu’il est notre premier saint patron. Tous, mettons-nous sérieusement au service du Dieu qu’il servit si fidèlement jusqu’à sa mort.

Sachons nous sanctifier ! Nous renier ! Combattons notre ennemi mortel, l’amour-propre ! Ne soyons pas saints comme nous le voulons, mais comme Dieu le veut.

Saint Benoît a travaillé rudement et longuement à embellir son âme de générosité, de bravoure, de pureté, de force et de bonté. Travaillons, nous aussi, à ce labeur sacré, le plus utile de tous, mieux, le plus nécessaire.

Il a relevé la religion, la morale et la liberté dans la société de son temps ; la même œuvre s’impose à nous, soyons-en les ouvriers obscurs, mais déterminés comme lui. Que nos paroles, que nos actes soient des semences de bien, de lumière et de vérité.

Et apprenons de lui, enfin, à ne jamais désespérer de l’Église ni de la société : l’Église a les paroles de la vie éternelle, et si les sociétés s’agitent, Dieu les gouverne !

Donc, mes bien chers Amis, dernière et suprême leçon : au nom de saint Benoît, malgré tout, courage et espoir !

Et mettons-nous à l’œuvre dans la voie d’une vraie sainteté. Soyons braves, généreux, courageux, chastes comme saint Benoît. Ayons la volonté ferme de servir, d’obéir, d’être docile à nos maîtres, nos maîtres ici du for interne et du for externe, qui eux, avec l’aide de Dieu, et par leur autorité légitime, veulent vous conduire à l’authentique sainteté.

Alors que saint Benoît nous y aide tous, nous protège, et nous bénisse du haut du ciel.

Ainsi soit-il.