La Règle de Saint-Benoît
pour
tous les jours de l'année
17 novembre
39 - DE LA MESURE DU MANGER
A notre avis, pour la réfection quotidienne aussi bien à sexte qu’à
none, deux mets cuits doivent suffire à toutes les tables, et répondre
aux besoins divers, en sorte que si parfois on ne pouvait manger de
l’un, on trouverait dans l’autre de quoi se refaire. Deux mets cuits
peuvent donc satisfaire la variété des appétits mais si l’on a à sa
disposition des fruits ou des pousses de légumineuses on les ajoutera en
troisième lieu. Une livre de pain à bon poids suffira comme portion
quotidienne soit qu’on prenne un seul repas, soit qu’il y ait dîner et
souper, et dans ce dernier cas, le cellérier réservera un tiers de cette
même livre pour le souper. S’il arrive que les frères aient un surcroît
de travail, libre à l’abbé d’ajouter à l’ordinaire ce qu’il jugera
expédient sans d’ailleurs favoriser jamais la gloutonnerie ni donner à
un moine l’occasion d’être pris d’indigestion. Rien n’est plus contraire
à la condition chrétienne que l’excès dans le manger comme le dit
Notre-Seigneur : "Prenez garde que vos cœurs ne s’abrutissent par des
excès de table."
Pour les enfants d’âge encore tendre, on n’observera pas la mesure fixée
pour les grandes personnes : leur portion sera moindre, de manière à
éviter tout gaspillage.
La chair des quadrupèdes est un aliment dont tous doivent généralement
s’abstenir, mais il y a exception pour les malades très affaiblis. |