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La Règle de Saint-Benoît

pour tous les jours de l'année

22 mars

43 - DE CEUX QUI ARRIVENT EN RETARD A L’ŒUVRE DE DIEU OU A LA TABLE

Quand vient l’heure du service divin, on s’empresse d’y accourir au premier signal, abandonnant sur-le-champ toute occupation quelle qu’elle soit. On gardera cependant la gravité, on évitera de donner dans une précipitation grotesque. Rien, dans tous les cas, ne doit passer avant l’Œuvre de Dieu.
Si quelqu’un arrive aux Vigiles nocturnes après le Gloria du psaume quatre-vingt-quatorzième, que pour cette considération nous décidons de chanter au ralenti en prolongeant la mélodie, il ne prendra pas au chœur sa place accoutumée, mais se tiendra au dernier rang, ou à l’écart, en un endroit que l’abbé désignerait pour les négligents de son espèce, en sorte qu’il reste exposé aux regards de l’abbé lui-même et de toute l’assistance.
L’Œuvre de Dieu s’achevant, il fera enfin satisfaction par une pénitence publique. La raison pour laquelle nous jugeons bon de reléguer les retardataires au dernier rang ou de les mettre à part et en évidence sous les yeux de tous, c’est que la honte même les porte à s’amender. Car s’ils demeuraient hors de l’oratoire, tel serait tenté de se recoucher et de reprendre un somme, tel autre irait à son gré s’asseoir au dehors, tel encore perdrait son temps à des sornettes, chacun donnant prise à l’esprit malin. Il vaut bien mieux qu’ils entrent au lieu de perdre tout l’office, et quant au reste, qu’ils s’amendent.
Aux Heures du jour, celui qui arriverait à l’Œuvre de Dieu après le verset, éventuellement après le Gloria du premier psaume qui aux Matines suit le verset, se placera en retrait du chœur, selon la règle établie ci-dessus ; et qu’il n’ait pas la présomption de prendre une part active à la psalmodie tant qu’il n’aura fait satisfaction, à moins peut-être que l’abbé ne l’y autorise par une exemption provisoire, et à la condition qu’il accomplisse ensuite sa pénitence.