La Règle de Saint-Benoît
pour
tous les jours de l'année
10 juin
Au douzième degré, l’humilité dont le
cœur du moine est rempli passe dans tout son extérieur, et se laisse
apercevoir aux regards d’autrui.
A l’Œuvre de Dieu, à l’oratoire, dans le cloître, au jardin, sur les
chemins, par les champs, en tout lieu, qu’il soit assis, en marche ou
debout, on le voit toujours penchant la tête et fixant les yeux à terre,
dans le grave sentiment de sa culpabilité et sous le poids de ses
fautes, comme si, à cette heure même, il avait conscience d’affronter le
redoutable jugement de Dieu. Dans son cœur il redit sans cesse les
paroles que prononçait le publicain de l’Evangile, les yeux humblement
baissés: "Seigneur, je ne suis pas digne, moi pécheur, de lever mes
regards vers le ciel," et avec le Prophète il ajoute : "Je me tiens
courbé et profondément humilié."
Lorsqu’enfin le moine a gravi tous ces échelons d’humilité, il atteint
bien vite le sommet de la charité divine d’où est bannie la crainte.
Tout ce qu’il ne pouvait accomplir au début sans l’appui de cette
crainte, il se met à l’observer par amour, sans nul effort, et, pour
ainsi dire, avec l’aisance de l’habitude acquise. Ce n’est plus la peur
de l’enfer, c’est l’amour du Christ qui le meut, ainsi que
l’entraînement au bien et le charme de la vertu. Cette œuvre de
L’Esprit-Saint, daigne le Seigneur la montrer achevée en celui qui avec
son concours travaille à se purifier des vices et des péchés. |