La Règle de Saint-Benoît
pour
tous les jours de l'année
4 juillet
27 - COMBIEN L’ABBE DOIT AVOIR DE
SOLLICITUDE A L’ENDROIT DES EXCOMMUNIES
L’abbé doit entourer de toute sa sollicitude les frères qui ont failli.
Ce sont, en effet, " des malades qui ont besoin de médecin ; les bien
portants peuvent s’en passer." Tel un médecin avisé, il recourra donc à
toutes les ressources de l’art ; ainsi, il enverra, pour lui tenir
compagnie, des "sympectes", c’est-à-dire des frères doués d’expérience
et de tact, qui, sans qu’il y paraisse, sachent consoler ce frère
chancelant et l’amener à une humble réparation : leurs encouragements
l’empêcheront "de s’abîmer dans l’excès de la tristesse." De plus, comme
l’ajoute l’Apôtre, ce sera le moment " de redoubler de charité à son
égard," et d’unir tous les frères dans la prière pour son salut.
Il faut, en effet, que l’abbé fasse preuve d’une sollicitude extrême,
qu’il mette en œuvre tout son savoir-faire, toute sa diligence, pour
éviter qu’aucune des ouailles à lui confiées ne se perde. Il ne peut
oublier que son rôle est de guérir les infirmes, non d’exercer sa
domination sur un troupeau robuste. Et c’est pour lui inspirer une juste
crainte, que Dieu lui adresse par le Prophète ces paroles lourdes de
menaces : "Ce qui était gras et de belle apparence, vous l’accapariez,
et vous rejetiez ce qui était chétif". Qu’il suive plutôt l’exemple
émouvant du Bon Pasteur : abandonnant dans les hauts pâturages les
quatre-vingt-dix-neuf brebis, il s’en fut à la recherche de l’unique
égarée, et eut si grande compassion de sa faiblesse qu’il daigna la
charger sur ses épaules sacrées et la reporter ainsi au bercail. |