Vigile de la Pentecôte
Le Saint-Esprit au jour de la
Pentecôte envoie aux disciples des rayons de son feu sacré ; mais il les
réunit tous sur Marie ; il se repose spécialement sur elle ; il la
pénètre, il l'embrase de sa chaleur. Il l'épouse de nouveau, et se donne
à elle plus pleinement, plus intimement qu'il n'a jamais fait. Nous ne
bornons pas le pouvoir divin ; mais nous pouvons dire avec vérité que le
Saint-Esprit ne s'est communiqué, ni se communiquera jamais à aucune
créature avec autant de profusion qu'à Marie. Il se fit à ce jour un
changement prodigieux dans les apôtres, qui de charnels et grossiers
qu'ils étaient devinrent des hommes tout spirituels et tout divins. Mais
il s'en fit encore un plus grand dans Marie, non en passant comme eux de
l'état d'imperfection à celui de sainteté ; mais en passant d'un sublime
degré de perfection à un autre sans comparaison plus sublime. Nous
croirons sans peine qu'il n'y a rien en ceci d'exagéré, si nous faisons
réflexion que la sainteté de Dieu étant infinie en elle-même, rien ne
saurait borner ses communications au dehors ; et qu'à l'égard de Marie
il n'y mit d'autre mesure, que celle qu'y peut mettre la capacité
essentiellement finie d'une pure créature. Et comme cette capacité peut
toujours devenir plus grande, sans sortir des bornes du fini : ne
faisons nulle difficulté de croire qu'elle a été dans Marie d'une
étendue qui passe l'intelligence des hommes et des anges. |